Comme l’indique le titre, je vous livre mes premières impressions après quelques heures d’utilisation de mon nouveau Roland BK-9.
Pour situer le contexte, décidé à mettre au rebut mon vieux Tyros, j’ai beaucoup hésité avant de choisir (avec un Korg Pa3x Le, si vous voulez tout savoir) et donc beaucoup étudié, prospecté, lu et visionné, sans avoir pu cependant réellement toucher l’engin.
Après l’avoir branché et balayé a peu près toutes les fonctions, mon approche a été de balayer les 1001 entrées du « music assistant », autrement dit de la liste de « performances » (registrations complètes) correspondant chacune à un morceau connu au nom légèrement rectifié (« my own way » pour « my way » par exemple). J'ai joué et brodé à partir de la cinquantaine de morceau que j'ai reconnue. L’écoute systématique des sons et des styles viendra plus tard, ou pas… (Consacrer une minute à chacun des 1718 sons et des 540 styles prend plus de 37 heures…).
Voici donc ces premières impression, un peu dans le désordre :
Le clavier. Une excellente surprise, d’autant que c’était le point où l’achat « en aveugle » était le plus risqué car il est important pour moi (par exemple la mauvaise qualité du clavier du tant attendu Tyros5 76 touches a largement contribué à l’éliminer de mon choix). Le contact touche-châssis est certes un peu bruyant, mais le toucher permet une grande vélocité tout en autorisant un jeu de type « piano » agréable et en nuances.
Le son et les sons. On a beau s’y attendre, être conscient que la qualité du son de ce que l’on a entendu via youtube est médiocre, le son du bk-9 « en vrai » est une sacrée claque. Un son précis et dynamique. Les sons « supernaturals » sont géniaux. Pas seulement par ce que l’on entend, mais par la façon dont ils réagissent aux nuances du jeu. Je pense par exemple aux guitares, au sax, à la flute et à la clarinette… Comme attendu les pianos sont excellents. Le Hammond est bien meilleur que… [pas de polémique]. Les sons « normaux » ne sont pas en reste : les batteries sont belles et le jeu des guitares électriques, des basses, des nappes ou des sons lead est par exemple un pur bonheur. Au stade où j’en suis, mon seul bémol concerne les orgues d’église et les cordes classiques (mais je suis loin d’avoir fait le tour des « tones » et les « performances » d’usine sont peu orientées musique classique)
Les arrangements. Le BK-9 est excellent là où je l’attends. Sur le rock, le rock progressif, le jazz, la bossa, les années 60-70… Sur les ambiances « live » sublimes et les petites formations plutôt que sur un rendu « surproduit ». Pour être honnête, sur la quantité la qualité est parfois variable, en particulier sur les variations les plus riches (3 et 4) où on entend parfois des pistes « pouêt-pouêt » ou « zing-zing ». Rien qui ne puisse se corriger, et pas assez pour réfréner mon enthousiasme. Là encore c’est sur la musique classique que je reste sur ma faim, mais vu le faible nombre de styles dédiés je ne m’attendais pas à des miracles.
L'ergonomie. Avec la qualité du toucher, c’était l’autre saut dans l’inconnu. Il ne m’avait pas échappé à la lecture assidue du manuel que l’ergonomie était douteuse. Par exemple, pour ceux qui ne connaissent pas mais qui ont quand même une vague idée du sujet : les mêmes boutons sélectionnent les banques de son, les « one touch » (registration rapides associées à un rythme), un son parmi les 10 favoris, une performance parmi les 10 affichées... Le verdict en pratique ? Oui et non. OUI, contre toute attente et sans doute grâce aux loupiotes qui s’allument et clignotent dans tous les sens, l’ergonomie est très efficace pour le jeu courant en live. On s’habitue en fait très bien et très vite à une logique déroutante sur le papier (ils doivent savoir mieux que moi comment mon cerveau fonctionne…). Mais NON, certaines fonctions d’usage relativement fréquent sont enterrées dans des sous-menus d’accès abscons. Et puis méga carton rouge pour l’interface de saisie des textes !
Les applications ipad. Sans elles je n’aurais sans doute pas pris le risque d’acheter un BK-9 dont l’ergonomie m’inquiétait. J’ai juste vérifié que les deux qui m’intéressent fonctionnent bien (BK-9 Editor et BK Partner). C’est le cas et elles changent complètement (en bien) l’ergonomie, supérieure à mon avis à elle qu’offre l’écran tactile intégré des Korg. Je vois cependant deux manques majeurs dans cette offre : pas de bibliothécaire permettant de gérer simplement les listes de performance (ce devrait pourtant être du basique) et pas de gestion du « make-up tool » (l’outil qui customise simplement les styles)
Ce qui va me manquer. Bon, j’assume parce que je l’avais mesuré : les pads de chez Yamaha ou Korg vont me manquer et, pour mes besoins, ne sont absolument pas remplacés ou compensés par le d-beam ou les audio-keys. Et aussi un peu l’aftertouch, finalement.
Le gag à 35 €. Ma pédale sustain Kurzweil fonctionne à l’envers et contrairement au Yamaha il n’y a pas de commande pour inverser. D'où achat DP-10...
Pour finir, deux avantages majeurs que je n’avais pas du tout anticipé :
- Le BK-9 étant peu profond (je parle de la dimension de la coque, pas du son !) les yeux sont beaucoup plus près du pupitre et la lecture des partitions facilitée d’autant. Je rajeunis de 20 ans… L’argument marketing auquel ils n’ont pas pensé.
- La réponse aux changements d’accord est saine et ultra rapide. J’étais habitué depuis le début des boites à rythme à anticiper d’un pouième le changement d’accord pour ne pas me faire piéger, renonçant par là même à donner une pulsation rythmique avec la main gauche lorsque l’accompagnement automatique était enclenché (c’est difficile et laid dans la plupart des contextes) et restreignant le mode d’analyse « pianiste » à certains morceaux où cette anticipation est plus ou moins naturelle et acceptable. Désormais un nouvel univers s’ouvre.
En première conclusion, au-delà du bonheur d’un nouveau jouet (comme dirait mon épouse), je réalise que grâce à la qualité de ses sons et de ses styles, à la qualité de son clavier et à la réactivité de la reconnaissance des accords, le BK-9 va faire évoluer sensiblement mon approche et mon répertoire, beaucoup plus que je ne l’imaginais en fait.
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