C’est ma 2ème Workstation, après avoir possédé un Fantom G8.
A ce stade, il a des aspects que j’adore, d’autres qui me gênent un peu.
Commençons par le son ; après tout, c’est sans doute l’essentiel. Et honnêtement, c’est encore mieux que ce que j’espérais. Les pianos sont superbes. Certes, on peut toujours préférer ceux de telle ou telle marque, mais, franchement, la barre est haute et, dans l’univers des workstations (du moins de celles que j’ai pu essayer), on est vraiment dans le peloton de tête.
De même pour les EP, whurly et autres Rodhes ; on s’y croirait.
Pour les orgues, difficile de les jouer sur un clavier lourd, et je ne possède pas les techniques spécifiques, mais ça me semble là aussi très bon.
La bonne surprise, c’est que même pour de nombreux autres sons « acoustiques », le résultat est plus que satisfaisant (sans pour autant toucher l’excellence des moteurs dédiés, les flûtes, sax, hautbois, violons, accordéons vont de corrects à franchement bons ; les nappes violons sont très belles)
Le moteur FM (je n’en suis qu’aux presets, avec un attrait pour les EP) est très expressif.
Quant aux sons de synthé, ce n’est pas ceux qui me touchent généralement le plus, mais je reconnais que beaucoup sont très inspirants.
Et encore, je ne suis pas rentré en profondeur ; je n’en suis toujours qu’au tour des sons d’usine.
Finalement, il n’y a que le moteur STR-1 qui m’a déçu ; pour les guitares, je ne trouve pas que ça marche. Mais ça semble OK pour les sons de clavier.
Un point auquel on ne pense pas toujours, le joystick de pitchbend (sur 4 axes) est très expressif et agréable.
Les nombreux contrôleurs (le ruban, mais aussi et surtout le « joystick vectoriel ») sont vraiment des plus.
J’en viens maintenant aux points que j’aime moins.
Le clavier ! Comment est-ce possible dans une machine de ce prix de mettre un clavier comme celui-là. Le toucher n’est pas désagréable, bien que quelconque (pas de traitement de type ivory feel ou d’aspect bois ; ça reste très plastique) mais il fait un bruit indigne de cette machine. Si vous l’essayez en boutique au casque, enlevez-le 5 minutes ; ça pourrait vous faire hésiter…
Les sliders. Le 0 est en haut, la valeur max en bas. Logique pour émuler des tirettes d’orgues ; moins évident pour le reste.
Les contrôleurs paramétrables. Sur le principe, c’est bien sauf que, si vous ne connaissez pas vos combi par cœur, vous êtes incapable de savoir facilement l’action que va produire chaque bouton, knob, slider. Et ne comptez pas sur l’affiche écran pour vous aider.
Les gars qui ont programmé l’interface graphique ont fait des choix discutables. Vous avez une jolie photo d’un piano qui prend tout l’écran, juste pour pouvoir ouvrir plus ou moins son couvercle (peut-être utilisez-vous ça tous les jours, moi pas) mais, quand vous sélectionnez une combi, vous ne savez pas quels sons sont sur chacune des pistes ; la « position » (split et layer) de chacun ne s’affiche que sur une page tierce, sous forme d’une matrice triste et toute petite.
Et je ne parle pas de la sélection d’une piste dans le séquenceur ; elles doivent faire 5 pixel de haut chacune ; c’est un vrai supplice que d’en changer.
Le Karma ; j’attendais beaucoup de cet outil pour m’apporter des inspirations nouvelles. Tout d’abord, la quasi-totalité des presets sont très orienté électro. Si ce n’est pas votre style musical, passez votre chemin. Pour moi, ça ressemble un peu à un super-arrangeur, mais sans intro, sans fin, sans fill-in ailleurs que selon une grille prédéfinie. Par contre, ça bouge sur l’écran ; c’est sûrement plus important de voir les panoramiques bouger de la droite vers la gauche, que de savoir que ça joue tel ou tel son… Bref, un très gros machin, mais je me demande si ça sert vraiment.
D’une certaine façon, ce Kronos, c’est un peu l’anti Fantom. Le Fantom avait des sons globalement décevants, un arpégiateur indigent, mais un OS convivial, pouvant même se piloter à la souris, avec une logique assez proche de la MAO. Sur le Kronos, certaines fonctions me semblent inutilement complexes et peu lisibibles (c’est souvent écrit tout petit ; n’oubliez pas vos lunettes). L’interface graphique fait des choix…personnels (les onglets dans les onglets, des informations pas du tout hiérarchisés, aboutissant parfois à une complexité inutile). Je reviens sur un exemple ; sur le Fantom, l’équivalent d’une combi affichait par défaut 8 lignes ; sur chaque ligne le numéro de piste suivi du nom du son et de sa position sur le clavier. S’il y avait des configurations plus complexes (par exemple des sons qui ne se déclenchent que dans un intervalle de dynamique, il fallait aller dans un sous-menu). Dans le cas général, on voyait tout de suite ce qui allait se passer quand on presserait telle ou telle touche. Sur le Kronos, je n’ai pas trouvé d’autres solutions que de cliquer sur chaque piste pour voir le son joué. Et j’ai trouvé ça nul.
Heureusement, les « favoris » (les set list) sont très bien fichus, et compenseront cette fichue complexité…à condition de bien programmer son set en amont. Et le fait de pouvoir rajouter des textes (par exemple un mémo sur l’action de tel ou tel contrôleur) les rendent encore plus performants.
Enfin, les gars qui, chez Korg, ont décidé que, pour transposer le clavier, il faudrait aller dans une petite case grosse comme un confetti, en passant par la page global, onglet bidule, et jouant de molette ou du « plus-moins » sont des sadiques. Où ils n’ont jamais joué avec un guitariste qui change la position de son capo à chaque spectacle. Ce n’est pourtant pas la place qui manquait.
Voilà, un commentaire un peu long d’un novice du Kronos mais qui, je l’espère, pourra aider ceux qui se posent des questions sur le choix de tel ou tel instrument. C’est de plus en plus difficile de pouvoir en essayer avant achat (on n’a pas tous la chance d’habiter dans le Var) et, à ce prix-là, on n’a pas forcément envie de se tromper.
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