Aviez-vous remarqué ces clins d'oeil harmoniques dans "encore un soir" de JJ Goldman

[Alain44]

Salut Gallet’

Tu as une très bonne oreille, de nombreuses années d’expérience, et une solide formation musicale à la base. Ce n’est pas du tout mon cas (sur les 3 points).

Certaines choses qui te semblent évidentes à la 1ère écoute, ne le sont pas du tout à d’autres (et apparement je ne suis pas le seul).


Tu es un artiste, et je ne suis qu’un besogneux en musique… la nature est parfois injuste !! :headbang :surpris

Tu vois j'ai fait un effort pour ne pas trop "disserter"lollol

[galettouille]

J'eus préféré que l'on disserta sur la compo de JJG plutôt que sur le niveau supposé des uns et des autres.

[floyer]

Je viens de regarder la partition ici https://www.boiteachansons.net/Parti...re-un-soir.php (ça fait drôle d’y lire la proposition de simplifier les accords pour les débutants après tes remarques).

Effectivement, on a bien G#m E F#, transposé de Cm Ab Bb, mais sans la même mélodie, il m’est difficile de faire le rapprochement. Je suppose que c’est ce dont tu parles ?

EDIT : en parlant d’il suffira d’un signe, je trouve ici les accords avec le répétitif Cm Ab Bb https://www.francetabs.com/tablature...itare6513.html or sur un recueil de partition j’ai quasiment tout en Cm, et le Cm Ab Bb n’est qu’en fin de refrain (Le moment viendra, tout changera de place). Curieux.

[galettouille]

Les premiers accords sont Bsus2 (SUS signifie suspendu) qui se résout en B, puis C#sus2 qui se résout en C#m.
La mélodie suit la note "suspendue" : do# "une photo une" qui va sur ré# "date". Le ré# est la note normale de l'accord B : si ré# fa#.
Puis le D# ("c'était pourtant hi") va au mi ("er").
Simplement : la mélodie souligne la note suspendue de l'accord.

Sans avoir des oreilles de spiderman, on peut entendre qu'il y a une sorte de retard qui se résout à chaque fois qu'on passe d'un SUS2 à l'accord suivant.
Pour la petit histoire, pas mal de sites indiquent B add9 au lieu de B sus2.
La différence c'est que dans B add9 il y a en même temps un do# et un Ré#, donc pas de note suspendue, alors que dans Bsus2 on n'a que le do#.

Je trouve que cette chanson est bien plus subtile que "Mon Dieu", de Piaf, qui traite exactement du même sujet, mais en mode mélo.

https://www.youtube.com/watch?v=x0oMQu2id6I

[Alain44]

On peut télécharger la partition ici:
https://www.partitionsdechansons.com...e-un-soir.html

Les sus sont bien à la mélodie, mais pas dans les accords notés.
Dans l’audio (lien au message #2) le piano souligne ces sus dans les voicings, donc on entend bien des accords sus.

Quand on sait quoi écouter, on l’entend.
Mais au départ, j’étais complètement pris par le texte et la voix (l’accompagnement restant en fond)…:surpris

[galettouille]

Tant qu'à illustrer la chose, autant utiliser ceci :

https://www.boiteachansons.net/Partitions/Celine-Dion/Encore-un-soir.php

sachant qu'à partir de la 5è ligne c'est de la daube...

... j’étais complètement pris par le texte et la voix (l’accompagnement restant en fond)

Alors que l'intitulé c'est "...clins d'oeil harmoniques..."! :fou

[Alain44]

:jesors

[jeanbart]

Merci Galet, sujet intéressant, quand je pense au nombre de fois que j'ai écouté cette chanson, et je n'avais rien remarqué :surpris. Si tu as d'autres exemples , je suis preneur.

[floyer]

Oui, ce n’est pas parce que l’on ne trouve pas et que nous n’ayons pas grand chose à dire que cela n’est pas intéressant.

[S_c0rp_i/o]

Je n'ai pas cette approche de la musique (pas de formation dans ce sens) mais merci Galettouille pour ces explications fort intéressantes. D'accord avec Jeanbart pour en voir d'autres

[alaouet]

Gaffe tout de même de ne pas tomber dans les mêmes travers que ceux de de la numérologie qui à force d'auto-conviction permettent de faire dire tout, n'importe quoi et leur contraire à tout et à n'importe quoi :P

Combien de fois des "artistes" n'ont-ils pas été les premiers surpris par l'explication qu'on leurs donnait de leurs propres œuvres...

Ce que je veux dire, pour en rester à ce cas précis de cette chanson de JJG (que je ne connaissais pas.... mais je ne connais quasiment rien de JJG :-) , c'est que souvent les "créateurs" n'intellectualisent pas forcément autant à l'heure de créer et font les choses de façon instinctive... un accord suspendu en parlant d'arrêter le temps ou un rubato en parlant de ralentissement me parait plus relever d'un instinct naturel que d'une d'une démarche strictement intellectuelle tant, à l'heure d'écrire et de composer, les notes et les mots me semblent, pour un auteur compositeur, intimement liées en un unique langage

[galettouille]

Gaffe tout de même de ne pas tomber dans les mêmes travers que ceux de de la numérologie qui à force d'auto-conviction permettent de faire dire tout, n'importe quoi et leur contraire à ...

C'est la première fois que je tombe sur ce genre de truc, en variété.
En étudiant des poèmes symphoniques on trouve souvent du descriptif dans la musique, et en cours je suis souvent resté dubitatif après des explications pilotractées données par les profs.

Ici ça m'a causé directement, sans volonté analytique. Des retards partout, dans le sens et dans la musique.

A posteriori : JJG n'est pas un super utilisateur de sus2, encore moins sur des accords qui commencent une phrase. Dans ce morceau il y en a partout. Il a des tics d'écriture harmonique, ça n'en fait pas partie.

Quand au côté spontané du ralenti et de la suppression de la rythmique, c'est possible quand c'est joué au coin du feu avec des potes. Moins quand on écrit pour une nana qui a vendu des millions de disques, n'a pas trop le droit de se planter, et qu'on passe des semaines à peaufiner l'arrangement et diriger les exécutants.
D'autant que si les arrêt de rythmique ne sont pas rares dans la variété, les rallentando sont nettement plus rares : en général tu peux laisser tourner ton métronome électronique, ça repart pile poil.
Ici ça ralentit méchamment.

Sur les méthodes de composition de JJG, aucune idée. Juste que pour avoir géré sa carrière comme il l'a fait, il y a quand même de fortes chances pour qu'il ait un fonctionnement intellectuel non négligeable.

[alaouet]

Mince... tu as cité la seule partie de mon intervention qui était un pied de nez manifeste (re :P)

Pour le reste, tu as certainement raison sur le fond - ce genre de rapport subtil mais évident une fois décelé - entre le fond et la forme, mais je pense vraiment que telle démarche créative peut relever tout autant de l'instinct (conditionné par l'intellect, certes) que d'une démarche volontaire et purement intellectuelle...

M'enfin bon, faudrait être dans la tête de JJG pour savoir, ou avoir l'occasion de lui poser la question.

Couac île en soie, c'est vrai que les exemples de ce genre ne sont apriori pas légion en variété.

(à part bien sûr mes chansons qui sont truffées d'eggs d'une telle finesse que même Chantal Goya est passée à côté lorsqu'elle les a écoutées) :cry

[galettouille]

Mon ignorance des émoticônes est bien plus vaste que tu ne le soupçonnes.
Ceci cumulé au fait que je me suis posé la question de savoir si je me faisais pas des berlues, m'a poussé à justifier ma vision du truc.

Sur le côté instinctif de la création, le peu de temps que j'ai passé en fac de musico et au conservatoire me font avoir une vision très nuancée de la chose.
En musique classique il y a un nombre considérable de règles, auxquelles les plus grands se sont soumis :
pas de quintes parallèles, la sensible monte à la tonique, pas d'intervalle de triton dans la mélodie...
Quant aux règles de construction d'une fugue, d'une symphonie, d'une sonate, n'en parlons pas.

Pour revenir aux règles d'harmonie, je m'en sers tout le temps pour deviner (et un peu entendre)les accords à venir quand j'accompagne sans grille quelqu'un qui chante un truc que je n'ai jamais entendu.

Je pense donc qu'il y a, au moment de composer, une infinité de "positions" en variétés (par exemple), entre celui qui n'a aucune connaissance (consciente) des règles et celui qui sait exactement ce qui va coller avant même de l'entendre.

Je vais rééééécouter tes chansons, mais si Chantal elle même n'a pas perçu les clins d'oeil, j'ai peu d'espoir...

[erd]

Je vais commencer par écouter la compo de JJG et ensuite…

Merci Galet,…Si tu as d'autres exemples , je suis preneur.

On va être plusieurs à attendre la chronique
"Comment écouter avec un regard un peu différent " Au risque de transformer en refrain "Si tu as d'autres exemples, je suis preneur." :coucou