Toutefois l'étendue des dégâts font que cette affaire, malheureusement, risque de toujours rester d'actualité, d'autant que les dégâts ne sont qu'estimés, pour l'instant.
Pour résumer, le 1er juin 2008 un incendie de grande ampleur a dévasté des plateaux des studios Universal, à Hollywood. Dans un premier temps, on n'a divulgué que les dégâts de quelques décors connus (dont certains de Retour vers le Futur), ou d'attractions du parc Universal. Cependant un entrepôt d'archives musicales conservées par Universal Music Group est aussi parti en fumée le même jour, et là, la transparence n'a pas été de mise. A l'époque, comme ça a été relaté dans cet article (en français) du Monde, on n'a déploré que des pertes relativement minimes :
Un premier recensement des artistes touchés, dans ce même article, faisait déjà froid dans le dos. Cet entrepôt regorgeait d'archives provenant de différents labels absorbés par UMG au fil du temps : ABC, Geffen, A&M, etc., sur une période s'étalant des années 40 à nos jours. On allait de Cab Calloway a Nirvana, en passant par The Carpenters, Tupac, B.B. King, Sheryl Crow ou Steely Dan. Depuis, les représentants de plusieurs artistes (Tom Petty, Tupac, Soundgarden...) se sont associés à une plainte collective contre UMG.
Le pire (1) : des masters sont perdus, ça c'est un fait, mais non seulement des masters. Il y a aussi, forcément, des prises alternatives, voire même des inédits complets qui ont été rayés de la carte ce jour-là.
Le pire (2) : des masters sont perdus... mais on ne sait pas encore précisément combien, et lesquels. Là c'est un point que l'article original de Rosen explorait très bien : la totale désinvolture de certaines majors envers la conservation des originaux. Car si l'incendie de 2008 est le plus dévastateur, ce n'est pas exactement le premier désastre en la matière. The Day the Music Burned revient par exemple sur l'incendie de 1978 qui a atomisé les 5000 bandes couvrant l'essentiel des masters, outtakes et inédits enregistrés entre 1949 et 1969 par Aretha Franklin, Ray Charles ou John Coltrane pour Atlantic. Avant notre culture actuelle de réédition, remastering (au sens noble du terme, qui est de traduire avec de moyens modernes l'intention des ingés son de l'époque, non pas de gagner la Loudness War sur la compression), il est effarant de constater combien les archives étaient un poids mort indésirable, à l'époque.
Jody Rosen, cite par ailleurs un article de Billboard, daté de 1997 (lien Google Books), qui documente les pratiques hallucinantes de certaines compagnies avec les masters de leurs superstars : des prises de Patsy Cline ou Roy Orbison effacées pour réutiliser les bandes, un entrepôt RCA dynamité avec son contenu de masters, lacquers, matrices de vinyles, etc. originaux (les responsables de RCA France et quelques collectionneurs avaient toutefois eu le privilège de récupérer quelques pièces). Un ponte de CBS qui décrète que tous les enregistrements mono doivent partir à la benne (donc non seulement le mixage mono de prises stéréo, mais aussi des originaux qui n'ont jamais existé qu'en mono). Les prises de la Motown archivées en lieu sûr, certes, mais sans système de classement digne de ce nom. Et on en passe...
D'ailleurs c'est aussi le système de classement qui paraît être très perfectible chez UMG : le bilan des enregistrements est cerné petit-à-petit, et ce qu'on peut dire, c'est qu'il s'alourdit considérablement. le NYT revient sur son article original, on approcherait désormais les 700 artistes "sinistrés", voir la liste actualisée en fin de l'article suivant https://www.nytimes.com/2019/06/25/m...-list-umg.html non exhaustive (!), et qui compile non moins de trois documents préparés en interne par UMG... dès 2009. Le degré de m'en -foutisme d'Univers Sale est ahurissant...
Commentaire