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Compos : Avez-vous déjà eu cette impression désagréable ?

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  • Compos : Avez-vous déjà eu cette impression désagréable ?

    Salut tout le monde !

    Ca me le fait presque à chaque nouvelle compo : l'impression ô combien désagréable que le morceau que je suis en train de composer existe déjà... Que je suis peut-être en train de plagier sans en être conscient... Une sensation pénible et difficile à évacuer.

    Ayant écouté pas mal d'entrevues de compositeurs connus, j'ai pu constater que pros ou pas, nous vivons tous à peu près les mêmes tourments intérieurs face à la composition mais je n'en ai entendu aucun aborder ce problème...

    Et vous, de votre côté, vous connaissez cette sensation ou pas ?

    J'aurais bien d'autres questions sur le sujet, comme celle-ci :
    Vous est-il déjà arrivé de vivre un vrai dilemme face à une compo que, pour une raison ou une autre, vous ne parvenez pas à réaliser ?

    J'ai vécu ça avec un de mes titres. Je l'avais proposé au groupe. Il a fait l'unanimité et ça a clairement été notre meilleur morceau. Mais, problèmes au sein du groupe qui ont occasionné le départ du guitariste. Sauf que moi, il me le fallait CE guitariste et notamment sur CE morceau. Le début de la galère. Comment dire au groupe que je ne voulais plus jouer ce morceau sans ce guitariste. Impensable de le remplacer parce qu'il avait amené précisément ce qu'il fallait.
    Au final le groupe a très mal vécu que je ne veuille plus jouer le titre au point que cette fois, c'est moi qui suis parti. Je n'ai finalement pas trop de regrets même si nous avons partagé trois belles années mais le seul dilemme reste ce morceau qui n'a pas été réalisé (cad enregistré et proposé au public) et qui continue de me hanter.

    (Finalement, le guitariste m'a rappelé récemment et veut le réaliser. Top !)

    Vos doutes, anecdotes, etc. en matière de compos m'intéressent fortement. (J'ai besoin de vérifier si je suis normal ou pas ^^ )
    Dernière modification par Cyrille, 31 juillet 2022, 00h09.

  • #2
    Bonjour Cyrille. Merci tout d'abord pour tes nombreuses écoutes! Pour ma part, je n'ai pas ce sentiment dont tu parles; Bien sur, nous sommes tous influencés par nos écoutes, nos apprentissages musicaux ... Notre âge (!)
    Comme tu sembles l'entre-apercevoir, je pense avoir "mon" style, et pour mes compositions, je suis sans aucun doute influencé par mes nombreuses écoutes: K SCHULZE / Tangerine Dream, par exemple. Mais j'ai participé en tant que bassiste à des formation jazz-fusion, et j'adore ce style. Mais je ne suis pas assez costaud pour travailler ce style de musique avec mes claviers... Néanmoins, j'utilise aussi des suites harmoniques qui sont issues de ce style.
    J'en suis à mon 64 ème CD depuis 2016, avec environ 9 compositions par CD; et je ne suis pas un "Asperger" !!! (enfin, je pense) !
    Je dois être quand même un peu spécial vis à vis de ma musique, puisque pour une compo, de la conception à l'enregistrement ( une prise, toujours ) je mets rarement plus de deux heures à la réaliser... D'où, sans doute, le nombre pléthorique de compos, et ... Le grand - trop peut-être - nombre de post's sur notre sympathique forum !!! ( Je crois que je dois en fatiguer quelques- uns)

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    • #3
      Salut Romain.

      Je me disais hier, en écoutant tes morceaux, que tu es hyper-productif. Une amie québécoise est dans le même cas et je lui dis souvent que je l'envie d'arriver à se mettre à la compo un peu n'importe quand et de produire des morceaux très rapidement. C'est loin d'être mon cas (j'en reparle plus bas).

      Ton com confirme la sensation que j'aie en écoutant tes titres ; une impression "d'impro". Par conséquent, je ne suis pas surpris d'apprendre que tu as fais partie de formations Jazz-Fusion (influence qu'on entend clairement) et que tu enregistres en une prise.
      (L'un de tes titres - je ne sais plus lequel mais il fait partie d'Osmosis - m'a évoqué E. Serra hier et j'ai justement repensé à son concert Jazz-Fusion... )

      S'agissant de ce qui pourrait être perçu comme un trop grand nombre de publications, je pars du principe que nous sommes sur un forum dédié aux claviéristes et donc aux musiciens, au matériel, à la technique... De plus il contient une section "Compos". On peut avoir de longues réflexions en découvrant les titres et l'univers musical de tel ou tel ou membre ; ce qui est mon cas. Ca me rappelle ce que France Gall avait fait écrire sur une de ses pochettes de disque "Je dédie cet album à tous ceux qui ne m'entendent pas seulement mais qui m'écoutent". Quand on écoute vraiment on ne se lasse pas de découvrir. C'est en tout cas mon point de vue.

      La musique a cela de magique qu'elle nous permet de découvrir le compositeur à travers sa musicalité. De la même façon, j'aime demander aux gens ce qu'ils pensent de tel ou tel morceau que j'ai réalisé parce qu'en me disant ce qu'ils ont aimé ou moins ou pas, c'est avant tout d'eux dont ils parlent. De la même façon, j'aime reprendre certains titres d'artistes qui me touchent car je trouve que le fait de rejouer leurs titres permet de les découvrir autrement, plus intimement, presque comme si l'ont pouvait ressentir l'état d'esprit dans lequel ils étaient au moment de l'écriture.

      Pour ma part, j'ai un parcours très bizarre vis-à-vis de la musique. J'ai commencé seul, ado, dans ma chambre en autodidacte, avec un clavier électronique d'apprentissage. J'ai évolué très lentement sur le plan technique (et c'est encore mon point faible aujourd'hui) par contre, toujours avec des avancées très soudaines et "brutales". Tu parlais de l'idée d'être Asperger ou pas... Il se trouve qu'on m'a déjà suggéré la chose.
      Avant mon expérience en groupe, j'étais incapable de me mettre devant mes claviers pour composer. Tous mes premiers morceaux sont inspirés. Ce sont des musiques que j'ai soit entendues en rêve, soit que je sifflais sans m'en rendre compte depuis plusieurs jours avant de réaliser que... C'est un vrai mystère pour moi mais qui m'a aussi longtemps posé problème car si je "n'entendais" pas la musique préalablement, j'étais incapable de composer quoi que ce soit. En tout cas, le fait d'entendre la musique avant même qu'elle soit composée m'a amené à comprendre que le compositeur/musicien est (ou devrait être selon moi) l'instrument de la musique et non l'inverse.

      Ce souci s'est d'ailleurs produit en groupe sur l'un des titres du bassiste. Il tenait absolument à ce que je pose mon clavier dessus mais rien à faire. Je "n'entendais" pas le clavier. Je leur avais demandé de le jouer basse/batterie/guitare et ce que j'entendais était en place de mon point de vue. Il n'y avait pas besoin de plus et le clavier ne me paraissait pas avoir sa place. J'ai eu beaucoup de mal à leur faire entendre que, tout au plus, je ne pouvais poser qu'une nappe de pad et qu'étant donné la suite d'accords, ça aurait immédiatement sonné U2. Nous avions fait un essai et c'est à ce moment-là qu'ils ont fini par reconnaitre que... Mais ce type d'épisode m'a beaucoup fait douter de moi, de ma légitimité à être derrière des claviers dans un groupe.

      Le fait de jouer en groupe m'a quand même permis de déverrouiller ce blocage lié à la compo. Il fallait amener des titres et c'est devenu beaucoup plus facile (mais pas au point d'être hyper-productif comme tu peux l'être). Je n'avais plus besoin d'attendre l'inspiration pour composer. Evidemment, le fait de jouer avec des musiciens capables de se placer immédiatement sur une mélodie aide bien. Pour autant, ce type de composition me demande toujours beaucoup plus d'efforts et de temps.

      Allez, j'arrête mon roman ici. En tout cas, je trouve tout ça passionnant et c'est aussi une autre belle façon d'apprendre à se connaître les uns les autres.
      Dernière modification par Cyrille, 31 juillet 2022, 20h27.

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      • #4
        C'est un sentiment que j'ai très souvent, j'ai appris à faire avec. Ancien développeur, j'ai constaté avec le temps que beaucoup de gens ont les mêmes idées en même temps, c'est qu'on commence à être un petit peu trop nombreux sur cette terre.

        Dans plein de morceaux connus et incontestés, on trouve des ressemblances... Voulues ou pas? Je m'en tape, je laisse aux youtubeurs qui veulent gagner des clicks le soin d'entretenir ces polémiques stériles.

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        • #5
          Envoyé par pfeuh Voir le message

          Dans plein de morceaux connus et incontestés, on trouve des ressemblances... Voulues ou pas? Je m'en tape, je laisse aux youtubeurs qui veulent gagner des clicks le soin d'entretenir ces polémiques stériles.
          Ton propos me rappelle une anecdote survenue en groupe. Sur un de mes morceaux, j'avais collé une suite de quatre notes, montée/descente en demi-tons, le genre de truc incontournable pour donner un côté drama. Bref. L'un des membres, après avoir écouté le morceau, me dit qu'il lui plait mais que si je ne veux pas avoir de problèmes avec Nightwish (groupe dont je ne connais qu'un seul titre et que je n'écoute jamais) il vaudrait mieux modifier la suite de notes en question parce que, selon lui, c'était un copié/collé d'un passage d'un de leurs morceaux.

          Inquiet, je vais faire mes p'tites vérifs. Je découvre en passant que le titre en question, de Nightwish, est en fait une reprise d'un autre artiste, qui lui-même avait attaqué un autre artiste pour plagiat... Outch !

          Au final, j'écoute le passage en question et le seul point commun avec ce que j'avais mis dans le morceau ne concernait que l'aspect technique. Le compositeur avait utilisé une montée/descente en demi-tons similaire pour amener le côté drama mais les notes n'étaient pas les mêmes, ce n'était pas joué sur la même tonalité et le nombre de notes était différent, sans parler du style qui n'avait rien à voir, eux métal et nous rock prog/symphonique. C'est vrai qu'à l'écoute, il y a ressemblance mais uniquement du point de vue structurel. La musique et les styles ayant leur logique propre, il y a certaines règles incontournables qu'on retrouve forcément dans un très grand nombre de morceaux.

          Cet exemple, pris à un autre niveau, avec des artistes connus (dans les deux camps s'entend), alimente effectivement les chaînes Youtube "spécialisées"... Ou comment créer la polémique sans raison valable (autre que de faire le buzz peut-être... ) ; )

          Intéressant en passant que tu aies constaté que plusieurs personnes ont les mêmes idées en même temps...
          Dernière modification par Cyrille, 01 août 2022, 09h55.

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          • #6
            Hello,

            Très franchement, dans la musique "pop" (au sens "populaire" du terme), incluant ses nombreuses déclinaisons, on retrouve quand même très souvent les mêmes cadences, après, ce sont les arrangements, les paroles (et encore, sur ce point, c'est pas toujours très "riche"...) qui vont un peu faire la différence. Là où il y aurait plagiat, ce serait de reprendre quasiment à l'identique un titre sans lui donner le titre de "reprise" (dans ces cas là, c'est un peu différent puisqu'on pille le travail de quelqu'un d'autre sans le citer). Après, qu'il y ait des coïncidences, ça arrive !
            De mon côté, je ne fais pas de reprise (j'ai eu l'occasion d'en faire lorsque j'ai commencé la musique, ça forme l'oreille et c'est un bon début d'apprentissage, mais comme je ne fais pas de concerts ou de bals, j'ai un peu lâché cette partie là), mais il m'est arrivé parfois de "tomber" sur une suite d'accord me rappelant un morceau (mais juste sur un passage donc je vais pas parler de plagiat et comme en plus je ne vends rien de ce que je fais, c'est pas très grave en fait).

            Bref, faut pas se prendre trop la tête à mon avis, faut faire avec ce qui nous vient et si ça existe déjà par ailleurs, ben c'est pas grave, si par contre vous reprenez volontairement des idées des autres, mais remises dans un autre contexte, le plus sympa est toujours de citer vos sources d'inspirations La musique se nourrit des mélanges, du métissage, donc plus vous avez l'oreille "ouverte" à divers styles et expériences, et plus votre style pourra s'affirmer (avec moins de risque de faire ce que d'autres ont déjà fait, après, que ça plaise ou pas, c'est une autre histoire mais en sortant un peu des sentiers battus, avec des suites d'accord moins "classiques", vous toucherez aussi peut être moins de monde).

            Nord Stage 3 HP76 - Roland Fantom 06 - Piano Yamaha LU101
            RME Fireface 802 - Dell XPS 15 (Windows 10 x64) / Cubase 12 / VST Live / Camelot Pro / Plugs...
            Ibanez Electro Acoustique / Fender Precision Bass / Fender Strat

            [CHARTE AK] [Mettre un avatar (tuto)] [Choisissez un bon titre de message et de section]

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            • #7
              Envoyé par Cyrille Voir le message

              Et vous, de votre côté, vous connaissez cette sensation ou pas ?

              J'aurais bien d'autres questions sur le sujet, comme celle-ci :
              Vous est-il déjà arrivé de vivre un vrai dilemme face à une compo que, pour une raison ou une autre, vous ne parvenez pas à réaliser ?

              Hi,

              MERCI de poster ce sujet.

              Il y aurait tant à dire !

              Composer, quelle drôle d'idée, suis-je tenté de poser, d'emblée. Surtout dans un pays où, globalement, la seule chose qui marche, ce sont des styles où il faut se contenter d'utiliser des recettes, des clichés à deux ronds, et surtout ne pas développer la moindre créativité. Quel esprit pervers, que de vouloir quand même créer quelque chose d'un tant soit peu personnel, hein ? Quand on sait que j'essaie, à mon modeste niveau, de rassembler des gens pour faire des REPRISES de jazz fusion, hein, des choses connues, Uzeb, Incognito et autres, et déjà rien que pour ça, j'ai un mal de chien, car c'est "plus difficile, je préfère jouer du pop rock" (véridique) et "ça ne marchera pas, on passera nulle part" (idem). Un peu dégoûté, quoi.

              Malgré tout, je trace quand même. Des morceaux dont je n'ai moi-même pas le niveau pour jouer dessus. Mais ma foi, c'est ça qui m'attire, alors...

              Bon, à part ça... Oui, on est confronté sans cesse à des drôles de trucs. Je ne parlerai pas des affres de la MAO, des pannes inexplicables, des situations bloquées, etc. Mais même, sur le fond : perso, je me lance des défis et j'ai parfois du mal à retomber sur mes pattes. Surtout si on utilise des harmonies pas trop classiques, des mesures asymétriques et autres.

              En ce qui me concerne, je commets un jazz fusion électro instrumental, avec plusieurs influences, mais certaines, je m'en méfie, je les tiens à distance.

              A l'écoute, on m'a cité rarement les groupes qui m'influençaient le plus, et on a été me sortir d'autres références, des gens que je connais plus ou moins et ça m'a souvent surpris. En vrac et si je me souviens bien, à propos de mes zinzins, on a été me dire "Gong", "Van der graff generator", "Zappa", "Soft machine", faudrait que je me souvienne encore... Il me semble,"Weather report"... Ce n'est pas, de loin, ce qui compte pour moi, ni ce à quoi je serais tenté de me référer. Mais tout ça est tellement compliqué...

              Bon, il est clair qu'on fait ça dans un cadre bien précis, à savoir un intervalle d'octave découpé en douze demi-tons égaux, globalement. On utilise tous les mêmes notes, on jongle avec les règles de l'harmonie, etc. Et puis, la décomposition métrique du solfège rythmique, etc. Bon, et après ? Cela n'empêche pas une certaine créativité.

              Après, je suis tombé sur des zozos qui m'ont déjà dit, sans même écouter (pas la peine, pour eux) que tout a déjà été fait au 20° siècle, que ça ne sert plus à rien. Si on les écoute, on en reste à Boulez, Stockhausen, et moi, ces trucs-là, je ne supporte pas. A un extrême, on a la zique à touristes ("L'amour à la plage", ahou, cha cha cha), à l'autre on aurait une approche purement intellectuelle, formelle, désincarnée, inécoutable pour moi. Je me situe quelque part au milieu, en évitant les extrêmes, justement. Et si je me posais la question de savoir si ça a déjà été fait ou pas, je crois que ça me couperait tout et je laisserais tomber.

              J'y vais donc comme un sauvage, sans me poser de questions.

              Après, il est clair aussi que ce que je fais, je ne risque pas de le créer un jour avec des gens. Je n'ai moi-même pas le niveau pour jouer ça aux claviers, on est loin du compte. Et si des gus voulaient se frotter à ce que je fais, faudrait que ça soit de sacrée pointures, et les gens comme ça, faut les payer. Je n'ai pas les moyens, et ils ont largement autre chose à faire - surtout s'ils veulent gagner leur vie avec ça, ce qui se comprend aussi.

              Donc, la MAO, et là, zéro, ZERO CONCESSION. Je fais les choses comme je les entends (au propre comme au figuré) et personne ne me dit "on devrait ajouter une chanteuse", ou bien "pour passer au Bar à Thym, ce serait mieux si"... "Là-bas, en ce moment, ce qui marche, c'est"... M'en fous ! Je ne me laisse guider que par mon intuition.

              Il y aurait encore plein d'autres choses à dire... Evidemment.


              Tiens, en ce moment, je suis au turbin sur un truc, ça fait très jazz-rock, un côté limite conventionnel, ça ressemble à des choses que j'ai déjà entendues. Mais je sais qu'en cours de route, je vais faire bifurquer ça vers quelque chose de plus tordu, je me connais. Justement, j'étais en train de me dire que ça faisait un moment que je n'étais plus venu, et je me demandais si je n'allais pas poser un extrait, comme ça.

              Enfin voilà, en dehors de mes compos, je cherche à rassembler les musicos de la région Toulonnaise qui auraient envie de se consacrer à du jazz fusion, ils n'ont qu'à me contacter, on verra bien s'il y a moyen de faire quelque chose et se bouger.

              Composer, quelle idée, hein ?

              Ma foi, moi je dis : faut foncer.

              Et merci pour ce post ! ! !





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              • #8
                ubik :

                Ma réponse va être longue mais elle vise à faire écho à ton propos et à, éventuellement, servir de témoignage à celles et ceux qui voudraient se lancer en groupe, ou qui se lancent...

                Je comprends et ne suis pas étonné. Les réactions que tu évoques sont bien connues et d'ailleurs, nous en avons et... j'en ai fais... les frais dans notre groupe. Le coup du "il faudrait une chanteuse !", j'ai donné. Des mois de perdus - sans parler des confinements qui n'ont rien arrangé - et finalement, des chanteuses (parce qu'on tombe rarement sur la bonne la première fois... ) pas assidues, venant aux répètes quand ça leur chantait. Montée en tension progressive, parce qu'à un moment, on a beau être en place instrumentalement, il faut aussi pouvoir se câler sur la voix... lassitude et au final, le bassiste bien plus patient que moi mais tout aussi sanguin finit par péter un câble et par virer la chanteuse en un mail, sans avertir qui que ce soit. Conséquence, le guitariste n'apprécie pas (ce qui peut se comprendre) et part à son tour ; départ qui m'a finalement impacté moi, qui ai décidé d'arrêter.

                Je pourrais citer d'autres facteurs tels que ceux tu as évoqués ayant contribué à mon départ du groupe (dont j'étais pourtant un des deux fondateurs).

                Ceci dit, d'expérience, sur l'autre aspect de ton propos, je pense que l'on peut trouver les bons musiciens, même dans des styles moins courants tels que le Jazz Fusion, y compris pour des compos originales. C'est peut-être une question de timing, de Rencontre (je mets la majuscule volontairement). Ca l'a été pour nous et, à titre personnel, pour moi.

                Notre guitariste par exemple n'a pas toujours été celui que j'évoquais plus haut. Deux sont passés avant lui. Même s'ils se débrouillaient bien dans leur style, je n'étais pas particulièrement convaincu par ce qu'ils amenaient sur nos titres. Finalement, l'avant-dernier n'a pas pu rester. Nous nous sommes donc retrouvés à devoir en rechercher un nouveau. Le gars du studio (guitariste pro également), ayant désormais l'habitude d'entendre ce que nous faisions nous propose d'en parler à des potes à lui. Coup de bol, le premier à qui il en parle est le bon ! Le mec aime les morceaux et dès le premier essai, il amène LE son et l'énergie qu'il faut. Qui plus est, il amène de grosses idées sur les arrangements.

                Pour moi, ça a été une avancée significative dans mon parcours musical. J'ai longtemps joué seul dans mon coin sans espérer pouvoir un jour jouer avec d'autres musiciens, notamment parce que mes compos n'étaient pas forcément simples à mettre en place (encore moins en "live") ou le style n'est pas forcément le plus recherché à une période où une grande majorité de groupes ne fait que des reprises - ce que nous avons constaté en studio et j'ai l'impression que cette tendance est très répandue.

                Pour revenir à l'idée de Rencontre, même la façon dont le groupe s'est formé a été relativement magique. Rencontre entre le bassiste et moi au départ, au point qu'il est devenu comme un frère. Bien que venant de deux univers musicaux diamétralement opposés, nous avons su marier les genres et nous adapter l'un à l'autre. Très vite nous avons décidé d'aller en studio pour nous rendre compte qu'il nous fallait un batteur. On en recrute un mais dès le départ, ça coince. (Nous avons dû faire une seule répète avec lui de mémoire... ). Et c'est finalement en recherchant le guitariste qu'une batteuse répond à l'annonce en demandant si à tout hasard nous ne recherchions pas une batteuse. J'ai su que c'était elle et elle n'a plus quitté le groupe.

                Je n'aurais jamais imaginé pouvoir vivre une telle aventure avant ça et c'est vraiment ce que je veux dire à ceux qui douteraient d'avoir cette chance un jour. Foncez !

                Bon au final, ce sont bien ces foutus lieux communs que tu évoques qui nous ont mis dedans. Nous avons fait de mauvais choix et pas assez tenu compte de certaines intuitions, d'autant que les gens qui nous écoutaient n'arrêtaient pas de nous demander : "Mais pourquoi voulez-vous absolument mettre du chant alors que c'est top quand vous ne jouez qu'instrumental ?! Le chant gâche tout et vous tournez en rond !". Le pire c'est que nous en étions conscients mais...

                Alors effectivement, il n'est pas simple de trouver les bons musiciens quand on veut faire du neuf, de l'original et quand l'occasion se présente, il n'est pas forcément simple non plus de garder le cap. Il y a tellement de paramètres à gérer...

                Pour résumer, il a d'abord fallu que j'accepte d'avoir confiance en moi, de me dire que mes morceaux pouvaient plaire (c'est venu lorsque j'ai envoyé quelques uns de mes titres à la Warner sur les conseils d'une amie, agent artistique ; la Warner qui, contre toute attente, m'a répondu. Ils n'ont pas gardé les morceaux mais leur mail était encourageant). A partir de là, j'ai osé et je pense que c'est le maître-mot. C'est, en premier lieu, ce qui a déclenché tout le reste. Nous avons provoqué les choses en postant des annonces partout où nous pouvions, en en parlant autour de nous, etc. et c'est là que nous avons vu cette espèce de magie, d'alchimie, se mettre en place.

                Mon témoignage peut sembler s'écarter du sujet initial mais en fait, on est en plein dedans puisque le fond de mon propos concerne bien toute la difficulté à trouver les bons acteurs autour de nos compos et... les doutes que cela peut générer.
                Dernière modification par Cyrille, 04 août 2022, 14h29.

                Commentaire


                • #9
                  Envoyé par Cyrille Voir le message
                  ubik :

                  Ma réponse va être longue mais elle vise à faire écho à ton propos et à, éventuellement, servir de témoignage à celles et ceux qui voudraient se lancer en groupe, ou qui se lancent...

                  Je n'aurais jamais imaginé pouvoir vivre une telle aventure avant ça et c'est vraiment ce que je veux dire à ceux qui douteraient d'avoir cette chance un jour. Foncez !



                  Mon témoignage peut sembler s'écarter du sujet initial mais en fait, on est en plein dedans puisque le fond de mon propos concerne bien toute la difficulté à trouver les bons acteurs autour de nos compos et... les doutes que cela peut générer.

                  Hello,

                  Non, on est en plein dans le sujet. Et MERCI d'avoir pris le temps de développer. Moi ça ne me dérange pas, les messages longs, car parfois, suivant ce qu'on a à dire, il est impossible de résumer tout en quelques phrases. Et puis, le style laconique, je n'ai jamais tellement aimé ça.

                  Je REVE, depuis longtemps, de tomber sur AU MOINS UNE PERSONNE qui croirait en moi, qui déciderait de me suivre. Cela ne s'est jamais produit. Peu importe, batteur, bassiste, un acolyte, car je ne serais plus seul à porter la croix, on va dire. Je le ressens ainsi. L'indifférence, la moquerie, etc. Surtout quand on fait du pas commercial.

                  C'est ça, pour moi, le fond du problème. Il est social, économique, culturel : dans un pays où variété et chanson sont matraquées partout, à longueur de journée, le public finit par avoir les oreilles en bois, l'esprit formaté, il n'est plus capable d'écouter autre chose - surtout si ça dure plus de 4 minutes 30 secondes. Résultat, beaucoup de musiciens s'auto censurent, ils refusent de s'investir dans un truc qui ne va pas spécialement marcher, ne sera pas vraiment "bankable". Et puis, en plus il y a du boulot, chez soi, en répétition... C'est tellement plus facile de jouer pour la énième fois "Hôtel to California" ou "Sweet home Alabama", hein... Plein de gens me l'ont dit. J'ai même un sax qui est venu, soi-disant pour du jazz fusion, et en cours de route, il a commencé à dire qu'on s'emmerdait pour rien, qu'on n'avait qu'à jouer des standards de jazz, après tout, tout est dans le Aebersold. "Red clay", "Sugar " et autres. Je lui ai gentiment répondu que quand on répond à une annonce pour du jazz fusion, on vient faire du jazz fusion, on n'essaie pas d'entraîner les gens ailleurs que là où ils veulent aller.

                  Quant à la chanteuse... Comment expliquer ça, alors que c'est compliqué ? Et sans choquer personne ?

                  La voix fascine, elle a un impact profond sur l'auditeur. D'abord, elle est censée raconter une histoire. Donc, les paroles interpellent. C'est, du reste, souvent ça qui émeut le public, qui s'y identifie, on lui parle de choses qu'il approuve, auxquelles il adhère. C'est ça qui marche dans la chanson, qui par ailleurs, est très médiocre, du point de vue musical. Ce n'est pas tant de la musique qu'on vend, que la jolie gueule de l'interprète et la petite histoire qu'on raconte.

                  La voix fascine aussi parce que elle vient du corps, elle possède mille et une inflexions. On pourrait dire aussi que le fœtus, dans le ventre de sa mère, entend sa voix, et c'est le premier lien vers l'extérieur. Sans entrer outre mesure dans tout ça, reste que la voix a un énorme pouvoir sur l'auditoire.

                  Mais ça a ses effets pervers : elle induit une structure en couplet / refrain qui ramène la musique à des archétypes assez simplistes. Et puis, elle autorise la médiocrité musicale.

                  En effet, dès qu'on met du chant, sauf cas rares, les musicos derrière n'ont plus l'attention totale du public, ils se retrouvent à accompagner, ils font tapisserie. Ils ne sont plus au maximum de leurs possibilités, on leur demande juste de faire un support sonore. Et ça tourne rapidement variétés. Il y a des exceptions, bien sûr, des très grands groupes qui ont utilisé la voix. Mais souvent, dès qu'on en met…

                  Je vois, on travaille des morceaux d'Incognito. Eh bien, on ne reprend que ceux qui sont instrumentaux, car ceux où ça chante, tout de suite, ça fait commercial, ça tourne au sirupeux.

                  Les effets pervers de la voix… Tu mets une chanteuse dans un groupe, il se retrouve à accompagner. Elle se retrouve à faire son show, se la jouer en vedette. Et ne parlons pas des problèmes d'ego, qui existent déjà par ailleurs, chanteuse ou pas, mais que ça vient compliquer. Sans parler des histoires aussi de fesses, car ça existe.

                  Je me souviens d'un batteur qui m'avait parlé de faire venir une chanteuse. J'ai répondu ok, mais si tu fais ça, je me barre illico. Et pourtant, c'était moi qui avais monté la formation.

                  Enfin voilà, je REVE, oui, de rassembler quelques musicos MOTIVES, pour faire du jazz fusion. Dans un premier temps, reprises (Uzeb, Miles Davis, Incognito et autres), puis, pourquoi pas, repartir des trames simplifiées de certains morceaux que j'ai composés, les prendre passage par passage et voir comment on peut les articuler. Rassembler les bonnes volontés, les gens qui auraient envie de faire AUTRE CHOSE que ce qu'on entend absolument partout, partout, partout (impossible d'y échapper).

                  Pour le moment, j'ai un acolyte qui m'a rejoint, il n'est pas musicos, il est ingénieur du son. Et tant mieux, car il en fallait un, pour mettre en forme ces morceaux, et les faire sonner pro. Ce n'est pas un musicien, mais au moins, je ne suis plus seul face à ce projet. Après, je connais des gens, mais jusqu'à présent, personne qui se soit vraiment investi, de façon très nette et convaincante.

                  J'ai mis, hier, un embryon, dans la partie compositions. Cela peut donner une idée de ce que je cherche à faire, quoi que tous les morceaux soient différents, évidemment.

                  Tu parles des mauvais choix… Pour moi, celui qu'il faut absolument éviter, c'est de se mettre en tête de plaire à tout prix, et commencer à s'auto censurer pour rester plus dans une certaine conformité. J'ai connu des gens qui l'ont fait, ça n'a pas mieux marché pour autant, ils ont fait de la merde et le savaient, mais espéraient tellement réussir… Et du coup, se sont fait suer tout le long à tripatouiller des harmonies à deux ronds, qui ne leur plaisaient pas vraiment. Moi je dis : ne pas se trahir ! Quasiment en mode foutu pour foutu. Au moins, je n'ai pas honte de ce que je fais, je peux me regarder en face et je ne fais aucune concession.

                  Et oui, j'insiste, je rêve de rencontrer des gens qui croiraient en moi. Et qui seraient séduits, non pas par ma grande technique (bof)… Mais par ma vision des choses et ma passion. Et mon potentiel créatif.

                  Déjà, j'ai un ingé son, maintenant…

                  La France est un pays catastrophique, sur le plan musical. Laminé par le système POGNON. La seule chose qui compte, c'est faire une soupe encore plus commerciale que le concurrent. Le public est, sauf exceptions, médiocre, habitué à n'écouter que du RnB et de la chansonnette à deux ronds.

                  Voilà, c'est dit, même si ça n'est pas très politiquement correct, selon l'expression consacrée.

                  Moi, ayant été durement sonné dans ma jeunesse par Magma et King Crimson, je me situe loin, très loin, à des années-lumière de tout ça.

                  C'est pour ça que le plus souvent, sauf exceptions rares, je ne parle jamais de musique. En général, les gens ricanent, dès que tu leurs fais écouter autre chose. Alors…

                  Voilà. Encore MERCI pour ces échanges !...

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                  • #10
                    Je ne sais pas si c'est politiquement correct ou pas (c'est une notion qui ne m'intéresse pas vraiment) ce que vous racontez et je trouve qu'on s'éloigne légèrement du sujet initial, mais tout ce que je peux dire c'est que s'il y a bien sûr beaucoup de médiocrité dans certains aspects de ce que l'on peut entendre à la radio, il peut y avoir parfois de bien jolies pépites, qui ne se basent pas forcément sur des harmonies torturées ou complexes.

                    Pour avoir écouté beaucoup de rock progressif tendance ELP, Yes, King Crimson et du Jazz/Fusion à la Weather Report, Herbie Hancock et Chick Coréa (pour ne citer que les plus connus), j'en reviens depuis quelques temps à apprécier les structures simples (pas forcément simplistes) et les harmonies subtiles (sur des cadences sommes toutes très classiques), tout comme les arrangements bien aérés.

                    Et je me rend compte qu'il est tout aussi difficile de faire un beau morceau pop minimaliste qui plaira au plus grand nombre (et il n'y a aucune honte à chercher l'approbation d'un public) et qui ne tombe pas dans la facilité, que de faire un long morceau parsemé de solos (plus souvent pour flatter l'égo de celui qui le joue), et pourtant j'en écoute toujours autant (qui a dit contradiction ? ).

                    On peut donc tout à fait s'émerveiller de la technique de musiciens exceptionnels (et comprendre aussi que ça ne parlera pas forcément à un public très large) tout comme on peut trouver fantastique de raconter une belle histoire en 5 min (Ecoutez "The River", de Bruce Springsteen) ou trouver qu'un morceau pop comme "Take on Me" mérite parfaitement son immense succès.

                    Là où je vous rejoins, c'est que l'apprentissage musical en France (et ça vaut aussi pour les langues étrangères d'ailleurs) est juste une catastrophe, puisqu'on prend le problème à l'envers. J'ai réussi à faire jouer mon épouse (qui a été dégoutée du piano dans son enfance) et mon frère (qui essaye péniblement de jouer de la guitare) sur quelques accords de Ed Sheeran (eh oui) et bien c'est quand ça se met en place, avec un peu de travail, que le plaisir arrive et que ça donne simplement envie de continuer, c'est bien là l'essentiel. En commençant avec des choses simples, mais qui sonnent bien finalement, ça incite à aller de l'avant, à développer son oreille et ses capacités d'écoute (le plus important à mon sens).

                    Par contre, sur l'aspect "Chanteuses", faut pas non plus trop tomber dans les clichés et la musique instrumentale c'est bien aussi, faut juste se dire que c'est moins "grand public", mais c'est pas grave en fait, non ?

                    Faut surtout se poser la question de pourquoi on fait de la musique ? Pour la gloire ? (good luck) Pour le plaisir ? (c'est déjà pas mal si on en prend et un bonus si on en donne à ceux qui écoutent) Pour le pognon ? (y'a plus simple)
                    Et ensuite se fixer quelques objectifs de progression réguliers, sans se mettre trop la pression et je rejoins aussi qu'il faut autant que faire se peut, ne pas trop se censurer, développer son style (en écoutant le plus possible d'autres artistes et pas toujours dans sa zone de confort), si ça plait tant mieux, si ça plait pas, ben tant pis, c'est pas très grave si vous cherchez pas à en vivre (sinon, effectivement, c'est plus compliqué).

                    Après, il y aura toujours une partie plus orientée "business", si vous voulez en vivre, ben y'a pas trop le choix, faut passer par là. L'approche aux US est plus "professionnelle" que chez nous au sens où tu gère vraiment une carrière dans la musique quand tu veux que ça te rapporte de quoi vivre et finalement, tu te poses peut être aussi moins de question (faut bien manger, donc tu proposes tes services au début sur des projets qui ne te plaisent peut être pas trop mais qui vont t'aider à progresser). En France, le musicien n'est pas vraiment considéré comme exerçant un "vrai" métier (et pourtant pour bien faire, c'est vraiment un sacré boulot !), sauf dans le classique, si tu résistes jusqu'au bout au conservatoire.

                    Là aussi quand on monte un groupe, il vaut mieux rapidement se fixer quelques objectifs et faire que ceux-ci soient bien partagés par les membres. C'est juste pour le fun de se retrouver 1 ou 2h par semaine ? Préparer x concerts par an ? Faire un tremplin et tenter de devenir célèbre et essayer d'en vivre ? C'est pas du tout pareil et le niveau d'engagement (très important), ne sera pas du tout le même !

                    Si je devais jouer en groupe, je ferai en sorte que le temps passé en répétition soit le plus "efficace" possible, c'est à dire bien connaître les grilles et les plans à jouer sur les morceaux, ça veut dire aussi beaucoup de travail entre deux séances et que côté synthés, les sons soient prêts (quitte à les retoucher un peu à la marge pour les adapter si nécessaires). Mais après, ça resterait un plaisir, je me vois pas du tout (et de toutes façons, j'ai pas vraiment le niveau pour ça) faire carrière dans ce domaine, mais j'essaye quand même de progresser à mon rythme, pour être prêt dans le cas où je rencontrerais un/e pasionné/e sur la même longueur d'onde que moi.

                    My 2c
                    Nord Stage 3 HP76 - Roland Fantom 06 - Piano Yamaha LU101
                    RME Fireface 802 - Dell XPS 15 (Windows 10 x64) / Cubase 12 / VST Live / Camelot Pro / Plugs...
                    Ibanez Electro Acoustique / Fender Precision Bass / Fender Strat

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                    • #11
                      Envoyé par Méliès Voir le message

                      Faut surtout se poser la question de pourquoi on fait de la musique ? Pour la gloire ? (good luck) Pour le plaisir ? (c'est déjà pas mal si on en prend et un bonus si on en donne à ceux qui écoutent) Pour le pognon ? (y'a plus simple)
                      Hello,

                      Vaste question, que celle du pourquoi. A mon niveau, voilà ce que je peux dire :

                      La gloire ? Je ne parlerais pas de gloire. C'est infiniment plus complexe que ça. Ce qui m'a donné envie, c'est Magma, sur scène. Je suis resté cloué par un mélange de beauté / puissance / étrangeté. Je crois que j'ai eu envie, plus tard, de monter sur scène et provoquer ça : l'étonnement, la sensation d'être tout à coup confronté à quelque chose de puissant, beau, mais surtout étrange. Est-ce de la gloire ? Je ne le ressens pas ainsi. Pour moi, cette musique et mon engagement, ça avait quelque chose de spirituel, aussi. Même si j'aurais du mal à l'expliquer. C'était une sorte de mission. Je me disais que c'était la seule chose d'intelligente à faire, dans ce monde de fous. Du moins, pour moi, vu ce que je ressentais. Il y avait quelque chose de mystique là-dedans, oui.
                      Reste que, je n'ai jamais pu le faire. D'abord, mon niveau technique. Et plus tard, j'ai compris que même si je l'avais eu... Pas en France, avec la façon dont fonctionne la musique. Du reste, j'ai appris, de source sûre, que Magma ne survivait que grâce à l'argent de Stella Vander, qu'elle y injecte à fonds perdus, depuis des lustres. Sinon, en réalité, il n'y a pas de place, ici, pour un tel groupe, ni rien de ce genre. Ils ne continuent d'exister que de façon artificielle, en fait. Enfin, peu importe, ils sont là, tant mieux.
                      Mais moi, j'ai gardé l'envie d'une musique un peu folle. Alors, à défaut, je me suis mis à la MAO, aidé par mon meilleur ami, formateur dans ce domaine (et d'autres).


                      Le plaisir ? il y est, du coup ; dans l'excitation de défricher, de poser des idées. Mais mon envie, ce serait de jouer en groupe, même des choses plus simples, moins ambitieuses (tout en restant dans le domaine du jazz fusion). Disons que pour moi, c'est complémentaire. J'ai une activité de création, mais ça ne peut remplacer le fait de jouer, avec d'autres. On verra bien si ça prend forme, ça dépend étroitement des rencontres, aussi. De qui a envie, de quoi. De qui est prêt à s'engager, etc. Disons que le vrai plaisir serait là, pour moi. Sur scène ou pas, mais dans la complicité, l'accomplissement, le fait de concrétiser, on va dire. De pratiquer, de se confronter au jeu. Et d'échanger avec d'autres.



                      Le fric ? Non. S'il y en a à prendre, tant mieux, mais ça ne sera jamais la motivation première. Ou du moins, je ne calculerai pas ce que je joue en me disant que ceci permettrait de plaire plus que cela, ça, je m'y refuse.



                      Je crois aussi que des fois, un désir peut émerger en nous, et on se met en route pour atteindre ce but. Sauf que du temps passe, le monde change, et en réalité, les conditions ne sont plus aussi propices. Alors, on a des trains de retard, on s'accroche à un désir qui, peut-être, ne se concrétisera pas, n'est plus adapté. Du jazz fusion, ça n'est plus à la mode. Enfin, pas chez nous.
                      Et c'est là que la MAO prend son sens, car on peut composer sans rien demander à personne, sans se poser la question de savoir si ça plaira ou pas, si c'est "bankable" ou non. On fait, en dépit de tout, et on a un résultat, à la fin, qu'on peut écouter, partager, etc.

                      Voilà, à mon modeste niveau, comment je réponds à ces questions, essentielles. Merci de les avoir posées.

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                      • #12
                        Méliès

                        En fait, nous sommes toujours dans le sujet initial puisqu'au final, ces problèmes de groupe m'ont pour ma part amené à cette fustration de ne pouvoir réaliser "mes" compos - que je considérais comme étant les titres du groupe - alors que nous bossions dessus sérieusement depuis un moment. Je n'ai fait qu'évoquer certaines des raisons qui ont finalement mis un terme à l'aventure et elles font écho avec certains éléments qu'évoquait Ubik.

                        De notre côté, l'objectif du groupe était clair et précis pour tout le monde et dès le départ : enregistrement et scènes. "On travaille sérieusement sans se prendre au sérieux.". Voilà en gros le double objectif et le credo. Pour le reste, pas de leader... (nous ne voulions pas devenir les musiciens du chanteur ou de la chanteuse. Ce n'était pas l'idée de départ. L'idée c'était de partager la musique du groupe avec le public. Nous prenions des décisions collégiales. Si un membre ne voulait pas jouer tel morceau, nous excluions le morceau en question. Si un membre, pour x raison, n'était pas d'accord sur tel point, nous en discutions et prenions une décision qui convenait à tous.
                        Le fric et la gloire, on s'en contrefoutait (si ça marchait un minimum financièrement tant mieux mais ce n'était pas le but. Le but, réaliser notre musique et la partager).

                        Ces quelques règles nous ont permis de tenir près de trois ans et d'avancer. Mais c'était sans compter sur les facteurs qui ont progressivement sapé notre patience et le projet en lui-même. (Manque d'assiduité de certains membres. Nécessité de remplacer tel autre, ce qui est déjà une perte de temps et d'énergie importante. Confinements... ) Et j'en passe. Ce que nous avons appris en fait, c'est qu'on peut avoir un projet bien établi, il est très difficile de trouver les bons acteurs. Pour chacun(e) des nouveaux/nouvelles arrivant(e)s, nous avons présenté clairement les choses dès le départ, ceci pour justement nous éviter d'éventuels déboires. Hé bien l'expérience nous a appris que ce n'est pas aussi simple.

                        Et là où cela nous ramène au sujet initial, c'est qu'au final, les titres ne sont pas réalisés et cela génère une vraie frustration, en tant que musicien et tant que compositeur. Par "réalisés", j'entends enregistrés et proposés au public, pas juste mis en place en groupe. Il manquait la partie mixage, l'ingé-son et son travail étant à nos yeux tout aussi important. (Détail que j'ai omis, nous étions à deux mois de l'enregistrement lorsque le guitariste est parti.)

                        Depuis, j'ai énormément de mal à composer. Raisons : deux de nos morceaux continuent de m'habiter. Ce sont deux morceaux que j'avais composés et auquel nous tenions particulièrement. Le hic, du point de vue du compositeur, c'est que l'énergie du coup est toujours là et ça je n'y peux rien. J'ai l'idée précise de ce qu'ils sont censés devenir et ça n'a pas abouti.
                        L'autre raison, c'est que j'ai maintenant beaucoup plus de difficultés à composer en MAO (ce n'est déjà pas ma tasse de thé à la base). C'est bien mieux avec des musiciens...

                        Le problème final - et ça a été une autre prise de conscience pour moi - c'est qu'une fois le guitariste parti, j'avais dit que je ne jouerai plus un des morceaux parce que de mon point de vue le précédent guitariste était LE guitariste qu'il fallait. Ca, ça ne s'explique pas. Mais le reste du groupe n'était pas d'accord. Pour eux, un morceau n'est jamais vraiment terminé et on peut en faire autre chose sans problème. Ce n'est pas mon point de vue. En tout cas, pas pour un morceau qui a sérieusement commencé à prendre forme (et ça c'est la musique qui nous l'indique). Et puis il y a aussi le respect de l'investissement et du travail de chacun(e) et, en l'occurrence, du guitariste. Bref ! Le remplacer était pour moi impensable. Et j'aurai réagi pareil si c'est le bassiste ou notre batteuse qui était partis.

                        Le hic c'est que les autres membres du groupe ont voulu me forcer la main alors que j'avais été très clair. Et donc en pleine session, ils ont voulu m'imposer de jouer le morceau en question avec le nouveau guitariste, très bon dans son style mais pas adapté au nôtre de mon point de vue. Et là ça ne l'a pas fait. Ca a été la goutte de trop et il y a eu mega prise de tête durant cette session, la première et la seule en trois ans. Et je suis parti.

                        En fait, ce que j'ai réalisé depuis, c'est que nous pensions être en phase sur tout mais en fait non, pas sur l'essentiel. J'ai découvert que certains musiciens ne sont pas prêts à travailler avec un compositeur. Certains veulent faire de la musique pour faire de la musique sans véritable orientation artistique. C'est très bien aussi mais ce n'est pas la même démarche que d'avoir une idée précise de l'orientation d'un titre. Quand on entend en studio, le résultat que l'on recherchait, on ne veut surtout pas revenir en arrière et c'est bien ce qui s'était passé avec ce morceau, grâce à ce que chacun(e) avait amené, le guitariste compris. En retirant un seul des quatre membres, nous perdions l'intérêt du titre.

                        Sur un autre post et sur un autre topic, Ubik a écrit que certains le considèrent comme un intolérant il me semble. J'ai également eu droit à cette remarque. Ce n'est pas de l'intolérance ou une volonté narcissique de compositeur. C'est la musique qui nous dit là où elle veut aller et c'est à nous compositeurs et musiciens de nous mettre à son écoute, d'en être les instruments, de mon point de vue. Ca ne vaut peut-être par pour toutes les musiques. Je peux concevoir qu'on puisse faire des titres pour s'amuser (c'est d'ailleurs ce que je fais avec mon dernier projet, très éloigné de ce que nous faisions en groupe. Une sorte de soupape pour moi). Mais sur des morceaux inspirés, je ne transige pas. Ce n'est pas du tout la même démarche. Il y a autre chose, un but plus... exigeant.
                        Dernière modification par Cyrille, 06 août 2022, 01h08.

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                        • #13
                          Envoyé par ubik Voir le message

                          Pour moi, cette musique et mon engagement, ça avait quelque chose de spirituel, aussi. Même si j'aurais du mal à l'expliquer. C'était une sorte de mission. Je me disais que c'était la seule chose d'intelligente à faire, dans ce monde de fous. Du moins, pour moi, vu ce que je ressentais. Il y avait quelque chose de mystique là-dedans, oui.
                          J'entends ce que tu veux dire.
                          L'art me semble de toute façon indissociable des choses de l'esprit même si c'est quelque chose qui semble être difficilement compréhensible pour beaucoup. On m'a par exemple souvent reproché d'être trop exigeant avec moi-même sur le plan musical. Mais c'est cette exigence qui me fait avancer, ne pas rester dans ma zone de confort, etc.
                          C'est elle encore qui me pousse à m'assurer que ce que je suis en train de composer n'a pas déjà été fait.

                          J'entends tel morceau en rêve. Hé bien oui, je vais faire en sorte de ramener le plus d'éléments possibles pour la REALiser (rendre réelle) et, mon niveau et mes moyens étant ce qu'ils sont, cela m'impose de travailler deux fois plus. D'ailleurs je me dis souvent que c'est bien dommage que ces morceaux ne soient pas inspirés à d'autres compositeurs, ayant tous les atouts pour les mettre en oeuvre. ^^

                          Il y a une forme de quête dans la composition il me semble et je crois que c'est avant tout une quête de soi. C'est en tout cas ainsi que je le vis pour ma part. Je ne l'ai réalisé que tout récemment.

                          Pour illustrer :
                          Dernière modification par Cyrille, 06 août 2022, 02h04.

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                          • #14


                            Une vidéo que je me repasse de temps en temps lorsque je me casse la tête à tenter de composer l'ostinato qui va bien... (ma quête, bref !)

                            On ne parle pas du style mais de la technique, du travail de groupe en studio, etc. et de ce point de vue je trouve que la vidéo résume bien les choses sur les conditions idéales (même si j'aurais aimé voir davantage de séquences du travail en studio).
                            Une orientation artistique définie. Les musiciens qui vont bien. Mais aussi le casse-tête pour le compositeur.
                            Sans oublier le travail de l'ingé, sur l'image stéréo notamment (même si je ne l'entends pas aussi clairement en la réécoutant à l'instant. J'ai changé de casque depuis et ce n'est peut-être pas la même vidéo). Je me rappelle avoir été scotché par ce point lors des premières écoutes.

                            En l'écoutant ça paraît tellement simple. Et pourtant, on sent bien que la mise en oeuvre n'a pas été une sinécure. Au final, joli travail d'équipe et le morceau a trouvé son public.






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                            • #15
                              Bonjour. Ma petite experience pour répondre au sujet initial.

                              Je ne pose pas trop de questions existentielles quand je compose. Je suis traversé par la même émotion en écoutant Galiano, Herbie, Corea, Ravel, Debussy.. etc….aucun à priori sur les styles de musique. Forcément les compos sont inspirées par toutes ces énergies, ces saveurs et ces mélanges de couleurs. Il y a donc forcément une influence sur ta façon de composer, de jouer, d’aborder la rythmique.

                              De fait on peut avoir la sensation que ce nous composons existe déjà. Et alors…et après ?? Tant que ce frisson me traverse lorsque une idée nait, prend vie, je me fous de savoir si ça ressemble à qq chose de connu. Je me fais plaisir et profite de cette instant unique, le reste n’a aucune importance.

                              je ne retrouve pas cette euphorie qd je joue des reprises dans les groupes. Peut être parce que ça fait des années que je fais ça. J’y vais pour l’ambiance, les potes, le live, mais au bout d’un moment j’ai l’impression d’être au taf à force de répéter les mêmes choses et ça me gonfle musicalement. Malgré tout, je préfère ça que d’être devant 2 écrans, 4 portables mais tout seul.

                              En septembre avec qq potes musiciens, nous projetons des ateliers où l’on va se faire peur en reprenant des songs qui demandent du taf( Lorber, Yellow jacket, Sixun) afin de retrouver des sensations fortes et qui sait, peut être de ce travail sortira qq compos à enregistrer ou à jouer en live avec des influences parfaitement assumées.

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