Compos : Avez-vous déjà eu cette impression désagréable ?

[ubik]

Je rêve ou c'est Jannick Top à la basse ?

[ubik]

En fait, nous sommes toujours dans le sujet initial puisqu'au final, ces problèmes de groupe m'ont pour ma part amené à cette fustration de ne pouvoir réaliser "mes" compos - que je considérais comme étant les titres du groupe - alors que nous bossions dessus sérieusement depuis un moment. Je n'ai fait qu'évoquer certaines des raisons qui ont finalement mis un terme à l'aventure et elles font écho avec certains éléments qu'évoquait Ubik.


En fait, ce que j'ai réalisé depuis, c'est que nous pensions être en phase sur tout mais en fait non, pas sur l'essentiel. J'ai découvert que certains musiciens ne sont pas prêts à travailler avec un compositeur. Certains veulent faire de la musique pour faire de la musique sans véritable orientation artistique.

Sur un autre post et sur un autre topic, Ubik a écrit que certains le considèrent comme un intolérant il me semble. J'ai également eu droit à cette remarque. Ce n'est pas de l'intolérance ou une volonté narcissique de compositeur. C'est la musique qui nous dit là où elle veut aller et c'est à nous compositeurs et musiciens de nous mettre à son écoute, d'en être les instruments, de mon point de vue.

C'est exactement ça. Je ne suis que le dépositaire, le canal par lequel "quelque chose" se manifeste, dont je suis le premier surpris, et pas qu'un peu. Je ne sais pas, j'ai la chance de recevoir ça en moi. Et pour moi, il serait impensable de faire de la musique comme ça, un peu tout un peu rien, en mélangeant joyeusement, de façon syncrétique, selon la formule que j'aime utiliser, du crédo selon lequel "tout il est très beau, tout il est très joli". C'est l'impression que me font beaucoup, beaucoup de musicos, mais bon, c'est leur fonctionnement, je comprends qu'ils aient envie de s'éclater, de montrer qu'ils savent faire, ou que tout soit bon pour eux d'enfourcher la bécane musique et faire des tours. Why not ? Mais eux, ne comprennent pas que moi, étant hyper réceptif à la musique (ça se travaille, je crois), j'aie affûté mon outil intérieur, ce qui m'a amené à faire ce que je fais. Si je n'avais pas effectué cette démarche de tri, de critères, de recherche, peut-être que je me contenterais de refaire des choses plus connues. Pour eux, je suis "compliqué et sectaire" Soit. La création, c'est un domaine où on est très seul, je crois.

J'ai souvent le sentiment que beaucoup de musiciens utilisent la musique, qu'ils mettent à leur service. Pour briller, s'éclater, que sais-je. Moi, je suis au service de la musique. C'est tout à fait autre chose. Je la sers fort mal derrière mes claviers, j'ai un décalage énorme entre ce que j'entends en moi et ce que mes petits douas peuvent faire. Mais via la MAO, j'arrive à sortir exactement ce qui s'agite dans ma p'tite tête. Déjà pas mal. Il y a plusieurs années en arrière, ç'aurait été impossible.

Enfin, reste qu'on est très seul et rarement compris...

[ubik]

De fait on peut avoir la sensation que ce nous composons existe déjà. Et alors…et après ?? Tant que ce frisson me traverse lorsque une idée nait, prend vie, je me fous de savoir si ça ressemble à qq chose de connu. Je me fais plaisir et profite de cette instant unique, le reste n’a aucune importance.

En septembre avec qq potes musiciens, nous projetons des ateliers où l’on va se faire peur en reprenant des songs qui demandent du taf( Lorber, Yellow jacket, Sixun) afin de retrouver des sensations fortes et qui sait, peut être de ce travail sortira qq compos à enregistrer ou à jouer en live avec des influences parfaitement assumées.

Oui, merci de le dire. Cet instant unique où quelque chose sort de nous, pour notre plus grande surprise. Une sorte de pêche miraculeuse. On ne sait jamais ce qu'on va sortir de l'eau. Poisson exotique, vieille godasse ? Mais l'étonnement est au rendez-vous, souvent. Le vertige de créer quelque chose, à partir de rien. Ou presque rien. J'ai parfois été inspiré par peu de chose. Deux notes de piano pour ponctuer, dans un reportage, notes que je transformais en accords, puis j'en ajoutais d'autres, et au final, un morceau entier, de plusieurs minutes !...

J'essaie, dans la région Toulonnaise, depuis un bon moment, de créer des ateliers, moi aussi. Pas simple du tout. Surtout quand on parle de jazz fusion. Et puis, les gens ne me prennent pas tous au sérieux : il aurait fallu que je me pointe, que je leur en mette plein la vue techniquement, et ça, j'en suis loin.
Le reste, composer ? Ma foi, souvent ils ne voient pas la différence entre quelqu'un qui compose et a vraiment des idées, et le gars qui se pointe le matin, "vé les collègues, j'ai composé un morceau, cette nuit", et qui gratouille sur sa guitare quatre accords s'enchaînant selon une tourne archi usée, tellement qu'on voit à travers. Pour moi, composer, ça n'est pas ça. C'est, au minimum, tout en respectant les règles de l'harmonie, éviter certains clichés, le plus possible, qui sont autant de pièges. Enfin, ça, c'est moi, c'est mon niveau d'exigence. Je reconnais que ça n'est pas l'approche la plus courante, loin s'en faut.

Mais bon, point de polémique. Juste dire que voilà, un compositeur, ils ne prennent pas ça au sérieux, car ils partent du principe que tout le monde peut composer. Ce qui, à mon avis, est totalement faux. Ou du moins, ça se travaille, ça n'est pas "tiens, il m'est venu une idée", de temps en temps. J'ai quitté un groupe comme ça, le gratteux a exprimé le désir de jouer plutôt des compos. Ma foi, je me disais oui, bien sûr. Sauf qu'avec le batteur, ils font de la variété à longueur d'année, dans un autre groupe. Résultat, les compos en question, c'était juste des trucs qu'on aurait sortis tout droit du stock des jingles pour la pub à la radio du coin. Je me suis barré.

Voilà. Pas plus. Merci encore.

[Cyrille]

Je rêve ou c'est Jannick Top à la basse ?

Je me suis fait la même réflexion ce matin en la postant, je n'avais pas fait gaffe les fois précédentes. Un de mes bassistes favoris... Un autre étant Nanni Civitenga.

[ubik]

Je me suis fait la même réflexion ce matin en la postant, je n'avais pas fait gaffe les fois précédentes. Un de mes bassistes favoris... Un autre étant Nanni Civitenga.

Alors lui, je ne connais pas du tout ! Première fois qu'on m'en parle... Je chercherai si je trouve des vidéos ou quoi que ce soit. Merci.

[Cyrille]

Alors lui, je ne connais pas du tout ! Première fois qu'on m'en parle... Je chercherai si je trouve des vidéos ou quoi que ce soit. Merci.

Malheureusement, on trouve très peu d'infos à son sujet. Il est connu pour avoir collaboré avec E. Morricone notamment. Sur ce titre par exemple, c'est lui.
Ah et, je ne peux pas nommer J. Top et N. Civitenga sans également nommer Tony Levin (bassiste de Peter Gabriel).

Une entrevue :

Je referme la parenthèse "bassiste" avec cette boutade que j'avais lancée au nôtre de bassiste :
C'est quoi un bassiste ? C'est le mec que personne ne remarque... Jusqu'à ce qu'il s'arrête de jouer. ^^

[ubik]

Ah et, je ne peux pas nommer J. Top et N. Civitenga sans également nommer Tony Levin (bassiste de Peter Gabriel).

J'ai trouvé cette interview et ce qu'il fait à la fretless est très beau, à la fin. Morricone et la musique de films en général, ça m'inspire beaucoup. J'y retrouve des procédés analogues à ceux que j'emploie, par moments. Pour moi, surtout, Bernard Herrmann et Jerry Goldsmith. James Newton Howard également. Et puis Miklos Rosza, enfin, les grands, quoi.

Tony Levin, of course. Je ne dirais pas tant Peter Gabriel, je parlerais plutôt, en ce qui me concerne, de son passage dans King Crimson, glorieuse époque. P. Gabriel a fait du bon comme du mauvais. C'est lui, je crois, qui applique ce principe : un album commercial pour gagner des ronds, et le suivant, plus créatif. Bref, comme toujours, j'en prends, j'en laisse...

[Méliès]

un album commercial pour gagner des ronds, et le suivant, plus créatif.

Eh oui, avoir un certain succès commercial permet aussi d'être un peu tranquille ensuite pour faire un peu plus ce que l'on souhaite ! Et ça montre aussi qu'on est capable de faire de la musique qui plait au plus grand nombre (et je ne parle pas ici des trucs hyper calibrés, voire industrialisés, qui nous viennent des US), sans toutefois se renier pour faire plaisir après à des fans plus sensibles à une musique qui sort un peu de l'ordinaire.

[Méliès]

Méliès
Ces quelques règles nous ont permis de tenir près de trois ans et d'avancer. Mais c'était sans compter sur les facteurs qui ont progressivement sapé notre patience et le projet en lui-même. (Manque d'assiduité de certains membres. Nécessité de remplacer tel autre, ce qui est déjà une perte de temps et d'énergie importante. Confinements... ) Et j'en passe. Ce que nous avons appris en fait, c'est qu'on peut avoir un projet bien établi, il est très difficile de trouver les bons acteurs. Pour chacun(e) des nouveaux/nouvelles arrivant(e)s, nous avons présenté clairement les choses dès le départ, ceci pour justement nous éviter d'éventuels déboires. Eh bien l'expérience nous a appris que ce n'est pas aussi simple.

Je comprends, la dynamique de groupe, quoiqu'on en dise, ça reste du management (donc de l'humain et sa complexité intrinsèque). Et si les objectifs sont un peu sérieux, il faut être un minimum professionnel (y'a beaucoup d'autres métiers à côté tout aussi intéressants pour éviter de perdre son temps), sinon tout le monde y perd. Et puis ce qui est valable à un instant "t", ne l'est plus forcément quelques mois ou années plus tard, ça évolue.
Il n'y a pas de recette miracle, sinon, ça se saurait, tout le monde n'est pas non plus fait pour manager (et heureusement) et parfois ça peut casser sur des petites choses qui auraient pu être vues différemment. Évidemment, tout cela suppose des efforts de même niveau pour tous les membres du groupe (s'il n'y en a qu'un seul qui tire tout, ça ne dure pas longtemps en général).

Ensuite, pour certains effectivement, la musique c'est jouer, pour d'autres c'est avant tout composer, deux faces d'une activité si large qu'on n'a généralement pas assez d'une vie pour en faire le tour et on a toujours à apprendre des autres de ce point de vue.

Bon courage en tout cas dans les différentes démarches lues ici, le fait de continuer à progresser dans son art ne peut être que bénéfique pour le jour où LA rencontre aura lieu

[Cyrille]

Ensuite, pour certains effectivement, la musique c'est jouer, pour d'autres c'est avant tout composer, deux faces d'une activité si large qu'on n'a généralement pas assez d'une vie pour en faire le tour et on a toujours à apprendre des autres de ce point de vue.

Bon courage en tout cas dans les différentes démarches lues ici, le fait de continuer à progresser dans son art ne peut être que bénéfique pour le jour où LA rencontre aura lieu

En parlant d'apprendre, c'est d'ailleurs ce que je me dis. Cette expérience a été très formatrice et en effet, on n'a jamais fini d'apprendre.

(En passant, je tiens quand même à dire que, malgré le tableau noir que peut sembler dresser mon témoignage, ça a malgré tout été une magnifique expérience avec une ambiance au sein du groupe absolument géniale, jusqu'à cette "fameuse" dernière répète.)

[ubik]

Eh oui, avoir un certain succès commercial permet aussi d'être un peu tranquille ensuite pour faire un peu plus ce que l'on souhaite ! Et ça montre aussi qu'on est capable de faire de la musique qui plait au plus grand nombre (et je ne parle pas ici des trucs hyper calibrés, voire industrialisés, qui nous viennent des US), sans toutefois se renier pour faire plaisir après à des fans plus sensibles à une musique qui sort un peu de l'ordinaire.

Mouais... Quand on voit dans quoi dégringole Gabriel dans son album "So", gros, gros bémols à la clé, tout de même. Son "Don't give up" n'est pas loin de la grosse tubasse de l'été, plus sirupeux que ça, difficile de trouver. Ah c'est sûr, si avec ça il ne plait pas "au plus grand nombre"...

[Invité]

J aimerais bien tomber aussi bas de Peter Gabriel avec le succès de don' t give up qui date de 1986.....on aime ou pas, sirupeux ou pas, commercial ou pas depuis 35 ans, j aime beaucoup l ambiance, le son.

[ubik]

J aimerais bien tomber aussi bas de Peter Gabriel avec le succès de don' t give up qui date de 1986.....on aime ou pas, sirupeux ou pas, commercial ou pas depuis 35 ans, j aime beaucoup l ambiance, le son.

Je comprends. Tout dépend ce qu'on cherche à faire, et puis d'où on vient, quel parcours on a suivi, etc.

Personnellement, je n'ai rien contre le succès, mais à quel prix ? Il n'entre pas en ligne de compte. L'envie de plaire n'a jamais dicté ma conduite. Je me fous pas mal d'avoir du succès ou pas. Je fais ce que j'estime fondé, en fonction de mes critères personnels. Ensuite, ça plait ou pas. N'importe comment, on ne contrôle que la qualité de ce qu'on fait, pas les réactions de ceux qui écoutent ensuite. Je reste fidèle à mes idées, et après, il y a ou pas succès, peu importe.

En ce qui me concerne, je préfèrerais de loin NE RIEN FAIRE que me compromettre dans ce genre de morceaux. S'il fallait choisir, carrément renoncer, plutôt que ça. Très clairement. Il a eu du succès, tant mieux pour lui. M'étonne pas, du reste : plus on fait du commercial, plus on plait, c'est logique. Mais moi, ça, je n'appelle pas ça composer. C'est flanquer trois accords majeurs et deux mineurs, les arranger selon une tourne à deux ronds, et roule Simone. Moi j'aurais HONTE qu'à mon nom soit associé un truc pareil.

C'est ce genre de choses qui fait dire à certains que je suis un "intégriste". Ma foi, au fond ça m'est égal. Je sais où je vais. Et surtout, où je ne veux pas aller. Après, quoi qu'on dise, on sera toujours critiqué, alors...

[ubik]

(Je précise qu'à côté de ça, il a fait des morceaux que je trouve vraiment très bien, attention).

[Invité]

Ubik, je n’ai aucune envie de disséquer sur ce qui est commercial, daube etc….C’est tellement subjectif tout ça.