En fait, je ne trouve personne pour jouer ça, et même, il semble que j'aie beaucoup de mal à trouver du monde, ne serait-ce que pour des reprises de Incognito, Uzeb, Miles Davis et autres. Et ça, je le relie directement à cette vision cocorico de la musique : ici, il n'y a que la chansonnette qui marche, sauf cas particulier, festival ou autres. Et puis, des petits ghettos, bien spécifiques : tribu reggae, tribu hard rock, etc. Je vis assez mal ce conformisme, ce nivellement par le bas, cette ubiquité de la chanson à deux ronds, alors je ne pense aucun bien des gens qui font danser le monde et justement, s'il en faut pour tout le monde, eh bien là non, tout le monde n'y trouve pas son compte. Si je vivais aux USA ou en Angleterre, là oui, il y aurait régulièrement des concerts avec un peu autre chose que la soupe à touristes de l'été qu'on nous sert à longueur d'année. Et je trouverais peut-être du monde pour mes expériences de jazz fusion / acid jazz.
Pour mes propres compositions, n'importe comment, je n'ai pas le niveau. En tous cas pas pour les jouer telles quelles. L'idée serait alors de prendre les morceaux passage par passage, voir comment adapter, puis comment articuler. Mais déjà, faudrait trouver des volontaires ! Et même pour du plus facile, on ne trouve pas, because étranglement économique, conformisme des uns des autres, impérialisme culturel de la chanson omniprésente, etc. Heureusement que je compose, parce que pour ce qui est de jouer en groupe, wallou. Il y a eu des périodes, mais là, en ce moment, c'est le désert total.
Ce que tu dis sur Bohemian Rhapsody me renvoie à une interview de Jeunet et Caro qui disaient "à l'époque, on a pu faire Amélie Poulain, maintenant on ne pourrait plus rien faire de ce genre, le créneau est totalement fermé"... C'est la France, et, comme disait Rita, "C'est comme çaaaaaaaaaa"... On fait avec, ma foi. C'est, à mon avis, valable pour toute la culture, et pas que la musique. Ce pays est une zone sinistrée !
Je continue à composer dans mon coin, en ayant le sentiment que je ne suis plus du tout en phase avec mon époque. Mais j'ai toujours été du genre obscur bidouilleur passionné, alors... Et jeune, j'étais déjà en total décalage avec les autres jeunes - et à l'époque, beaucoup écoutaient déjà la chansonnette. Il y avait, en gros, les fils à papa, les gens "ordinaires", qui marchaient à Sardou et autres. Et les zozos un peu plus décalés, qui écoutaient toutes sortes de choses, du classique, du Jeff Beck, du Santana, du Klaus Schulze, du Ange, du... Moi, j'étais dans Stravinsky, Bartok, Zappa, Magma, King Crimson... Et je passais déjà pour un allumé, alors de ce côté là, suis un peu blindé, on va dire.
A suivre, merci encore.
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