Je me lance ici dans ma première contribution à ce forum, un petit tour d'horizon du Clavia Nord Modular G2, ma boite à son préférée. Il ne semble pas que cela ait déjà été fait, si c'est le cas toutes mes excuses pour le doublon.
Un synthétiseur modulaire virtuel
Alors pour ceux qui n'en aurait vraiment jamais entendu parler, le Nord Modular G2 est un synthé virtuel modulaire, c'est-à-dire qu'il propose un certain nombre de modules, que l'on connecte entre eux pour définir une architecture (ou « patch »). Autrement dit, le G2 est une machine à créer (ou re-créer) des synthétiseurs !
Ensuite, pour créer un son, on fera varier les paramètres de chacun des modules, comme sur tous les synthés hardware ou software « classiques » (autrement dit déjà pré-cablés). Il est dit virtuel, car contrairement aux synthés analogiques, les modules ne sont pas présents et cablés physiquement, genre :
Ce sont en fait de petites briques logicielles, qui seront exécutées par les processeurs, appelés « DSP », présents dans la machine. Mais alors, comment créé-t-on les patch ? Par un éditeur logiciel, que l'on relie par usb au G2, et qui ressemble à ça :
Autrement dit, la programmation des sons se fait sur ordinateur, mais c'est bien le G2 qui les génère. On peut donc avoir tous ses sons sur scène (le G2 peut en stocker des milliers), sans ordinateur.
Le G2 est commercialisé en trois versions : rack (celle que je possède), clavier 3 et 5 octaves, appelés respectivement G2 Engine, G2, et G2X, le G2X possédant plus de processeurs, optionnels sur les 2 autres :
Voilà pour les grandes lignes...
Des modules
Les modules, à la base du son, vont définir l'étendue des possibilités du G2. Il en possède environ 150, donc il y a de quoi faire. En retrouve tous les modules de base des synthés : oscillateurs, filtres, LFO, circuits logiques, séquenceurs... avec quelques particularités, comme ce module de scratch (si si, ça existe !) :
ou encore les modules composant le fameux DX7 de Yamaha, avec les mêmes algorithmes !
Récemment, des utilisateurs du G2 ont d'ailleurs créé un programme capable de lire les fichiers sysex originaux du DX7 et de les transformer directement en patch au format G2. C'est donc toute l'histoire de la synthèse FM (ou presque) qui s'ouvre à ce synthé, sans aucun effort ;-)
Le G2 possède en outre des outils très intéressants d'aide à la synthèse, comme le Patch Mutator qui, partant d'une architecture donnée, fait varier certains paramètres et en conserve d'autres, avec un système père/fils :
Une véritable usine à nouveaux sons !
Une machine à tout faire
Le traitement externe
En plus des modules précédents, le G2 propose de nombreux modules d'effets, utilisables bien sûr dans les synthés que l'on créé, mais aussi pour traiter un signal audio externe. Le G2 possède en effet 4 entrées lignes :
Dans l'éditeur, ces entrées physiques correspondent à un module comme les autres, on peut donc faire absolument ce que l'on veut avec.
Premier exemple, ici d'un multi-effet pour la voix :
Deuxième exemple, avec un pitch track : le patch que vous allez voir (et entendre), détecte la note du signal en entrée (il vaut mieux que ce soit un signal simple, voix ou guitare sans accords), et fait jouer à un patch de synthé cette note :
Ici, une guitare, que l'on entend au début, devient une basse (à la fin) :
On peut aussi créer un synthé contrôlé par la voix :
La puissance du MIDI ( con ! Ah non c pas le même, sorry... ;-)
Autres modules intéressants, les modules MIDI, capables de transformer de diverses façons un signal MIDI entrant, et d'envoyer sur le MIDI OUT tous types de messages (control change, bank/program change, arpèges générés en interne par le G2, etc...). Pour exemple ce patch d'Axiom posté sur electro-music.com, qui permet de contrôler un K2500R à partir de la face avant du G2 :
Une wokstation... presque !
Aux possibilités MIDI du G2, il faut ajouter la capacité de jouer jusqu'à quatre patch différents simultanément, sous forme de performance. On peut, comme sur une workstation, les répartir sur l'étendue du clavier, définir s'ils seront réceptifs au Pitch Bend, Mod Wheel, etc...
En fait, la seule chose qui manquerait au G2, par rapport à un Kurz par exemple, c'est le fait de pouvoir lire des samples... quoique :
L'exemple ci-dessus permet de capturer un son, en live, pour lui appliquer toute sorte de traitements. Ici, les quatre entrées ligne sont samplées indépendamment, et les sons capturés sont chacun traités par une distortion différente.
Bien évidemment, ça n'est pas du vrai sampling : les sons sont volatiles, et on est limité en temps de sampling car on utilise ici les delay comme stockage...
Points négatifs et solutions
Alors bien sûr ce synthé n'est pas parfait. La première critique vient des fans de l'analo pur, qui vous dirons que le son de ce synthé est “froid”, etc... (n'est-ce pas ****' ;-) ou de ceux qui croient qu'en re-créant l'architecture d'un Moog avec le G2 ils auront directement LE son du Moog...
Or ce n'est pas ce qui se passe, en effet, les modules du G2 ont leurs propres caractéristiques, qui sont différentes de celles du Moog. Mais comme sur tout synthé “digital”, des astuces de programmation existent, pour donner aux patchs cette petite dose d'imperfection qui caractérise l'analo et que le numérique, trop parfait, n'a pas. On trouve sur le Net de très bonnes reproductions de CS-80, Arp2600, etc... C'est complexe, c'est vrai...
Personnellement ça ne me pose pas de problème : les musiques que je joue ne sont pas purement années 70/80, sont jouées en groupe avec guitare, batterie, donc une fois mixé tout ça, en live, la différence analo/numérique est quand même limitée. Le G2 possède largement la dynamique nécessaire pour “percer” dans un mix. Après, c'est une question de goût et d'orientation musicale...
La seconde limitation, en terme d'étendue sonore, vient de l'absence de sampling. L'ajout d'un petit sampler peut être une très bonne chose. Le G2 contrôlera alors ce sampler via MIDI, et récupérera le son sur ses entrées audio. On obtient un système bien intégré, avec de grosses possibilités de traitement.
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Voilà, c'est la fin de ce test, j'espère vous avoir donné un aperçu des possibilités de cette machine qui, si on prend le temps de la programmer, peut vraiment devenir le centre névralgique d'un setup, que ce soit en studio ou sur scène. Toutes les fantasies sont permises, et tous les types de synthèse sont directement accessibles : on trouve le modèle dans un bouquin, on le reproduit dans l'éditeur, et c'est parti ! C'est vraiment ce que j'aime dans ce synthé.
Si certains sont intéressés par l'achat d'un G2, sachez qu'on trouve aujourd'hui, d'occaz bien sûr, des G2 Engine à 650 E et des G2 clavier à 1300 E, ce qui est tout à fait correct (y a bien des gens qui payent 2000 E pour un Virus... oui bon je sais c'est facile ;-)
Et comme rien ne vaut le son, on termine par un petit medley, enregistré direct en sortie du G2 (comme les démos précédentes), avec en entrée une Ibanez et deux micros :
copyright images : Clavia, Rob Hordijk, et moi ;-)
PS: je vais être absent pendant 2 semaines, donc si vous avez des questions ou commentaires sur ce test je mettrai un peu de temps à y répondre, désolé...
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