Je commence par les défauts (qui n’engagent que moi bien sûr), je garde le meilleur pour la fin :
D’abord les sempiternels présets (pouet pouet ,ouin ouin ,tchac poum) qui n’ont rien à faire dans cette machine hormis une fonction marketing, les samples d’usine sont vraiment très moyens et ne mettent pas très en valeur l’énorme potentiel du variphrase (c’est vraiment une manie chez tout le monde de nous imposer ces présets ou ondes mille fois entendus et toujours aussi chiants !). Après la pensée unique, le préset unique (logique !).
Bon j’arrête ! Il y en a quand même des bons… mais il y aurait pu en avoir beaucoup plus sur 512 quand même !
Pas de mode multitimbral et multicanal à proprement parler, on peut sur un patch avoir 16 zones distinctes avec un timbre différent par zone (ça c’est pas mal quand même !) mais sur le même canal midi et donc pas de layer possible sur le même canal. Pour cela, j’ai heureusement fait appel au mode Master du MOES (merci Yam) qui peut contenir 128 pseudo perfos ou combis sur 8 patchs (4 internes et 4 externes) et 4 canaux avec appel des programs changes, volumes, zones, accords, etc… et donc avec layers possibles si la polyphonie ne se met pas à genoux car là encore pour 24 voix annoncées, moi j’en ai compté parfois 12 maxi sur une combi à 2 programmes seulement. Sûrement à cause de l’énorme sollicitation du processeur mais alors pourquoi toujours limiter là ou c’est pour moi l’essentiel, pourquoi n’avoir pas mis un processeur plus puissant ? Pourquoi ne pas optimiser une machine à ce à quoi elle est destinée ? Alors que Roland nous gratifie d’une émulation d’un D50 à 8 voix de polyphonie dont on se demande bien quoi faire quand on entend le V-synth à coté, d’ailleurs on ne peut même pas les mélanger (c’est encore plus frustrant). Non vraiment j’aurais préféré me passer du D50 et avoir un processeur plus puissant .
Pour la partie échantillonnage, toujours pas de loop cross fade pour boucler proprement (à l’instar du motif !) fonction pourtant élémentaire dans un mode échantillonnage , ils ont mis en lieu et place une fonction recherche du point zéro dont le résultat est douteux, on dira ce qu’on voudra mais les points zéro d’un départ et d’une fin d’échantillon sont forcément différents sur le contenu harmonique et volume, donc ça clique toujours, à moins d’un échantillon lisse type sinus ou carré mais quel intérêt puisque qu’on les a déjà avec les oscillos en mode analogique.
C’est dommage car tout le mode sampling est super, mais pour la boucle c’est pas terrible.
Le mode pattern-arpege (je comprends rien !) est assez mystérieux, une usine à gaz pour mettre quelques notes en mémoire et encore quand on les met, on se demande ce qu’on a fait tellement on est loin de ce qu’on voulait (surtout en temps réel). J’aurais préféré un petit séquencer tout simple 16 ou 32 mesures, c’était bien plus souple. Tandis que là on semble limité à créer des arpèges un peu figés mais pas vraiment de phrases ou motifs musicaux .
Bon ce que j’ai aimé maintenant (parce que vous allez vous demander pourquoi je l’ai acheté avec tous ces affreux défauts) :
En fait ce qui m’avait fait craquer lors des essais, moi qui aime beaucoup les sons design sonores, images et ambiances, c’est le variphrase avec les distorsions temporelles, tonales et formantiques que l’on peut obtenir en instantané et ça se confirme, les résultats sont assez inouïs, je vous ferais grâce des superlatifs d’usage pour décrire les sons obtenus car ceci est très personnel et peut ne pas être partagé par tout le monde .
Pratiquement tout est modulable par un LFO dédié, ou des enveloppes dédiées ou contrôleurs divers et sur n’importe quels paramètres variphrase du sample (entre autres ).
Et là le variphrase sur un seul échantillon est à chaque fois une découverte et donne une grande palette de possibilités à lui tout seul, rien qu’en modifiant ou modulant le mode et le temps de lecture, la tonalité et tout ça indépendamment .
Attention, le variphrase est capricieux selon le mode d’encodage choisi, l’élasticité n’est pas illimitée et on génère plus facilement des effets spéciaux qu’autre chose en tirant trop dessus.
Même le mode analogique est remarquable, et pourtant je ne suis vraiment pas un fondu d’analogique, mais là, ça va beaucoup plus loin, un peu comme sur un Virus ou un Nordlead avec de la FM, modulation en anneau, fondue enchaînée, etc… plus le mix des modes pcm, analogique et source extérieure.
Il y a 2 supers filtres COSM que l’on place comme on veut en parallèle ou série, avec une pléiade de modélisations toutes très efficaces et certaines inattendues dans un rôle de filtre comme des simulations d’amplis, de HP, de filtres en peigne simple et double, de compresseur et (ou) limiteur polyphonique, de caisse de résonance, sans parler de toutes les configurations de filtres classiques.
Dans chaque COSM, il y a 16 modélisations différentes avec de nombreux paramètres. Ajouter à cela les 41 types de modélisation du Multi FX, les 10 de la reverb, 8 du chorus, 1 master EQ 4 bandes et vous avez une palette de traitement remarquable, d’ailleurs le V-synth est préconisé en mode source externe, comme un puissant outil de mastering, on comprend…
Chaque module dispose de son propre lfo (5 lfo pour 1 patch x fois 16 zones)et chaque sous- module dispose de sa propre enveloppe type ADSR (là ça doit faire 13 par patch fois 16 zones aussi), sensibilité, suivi et vélocité du clavier, envoi dans le LFO, pour contrôler certains paramètres mais sinon la matrice de modulation dans le mode commun du programme est très complète, on peut quasiment affecter tout ce qu’on veut vers où on veut.
Une fonction copy permettra de récupérer toutes sortes de réglages ou modules complets d’autres patch, le tout par l’écran tactile, et c’est vraiment bien foutu. Parce qu’en plus comme je le disais chaque patch peut contenir 16 zones distinctes du clavier avec un timbre différent et autonome par zone, le tout passant par la même section effet bien sûr, mais avec un routing dédié à chaque zone, mais comme je l’ai dit :pas de layers possibles entre 2 zones sauf en mode multicanal par le biais d’un clavier maître.
Donc il n’y a pas de mode performances ou combis, c’est une autre approche mais je pense que cela aurait pu être un peu plus poussé à savoir d’affecter librement le canal midi à la zone et tous les réglages d’usage un peu à la sauce mixing voices du motif qui est franchement une réussite.
Parce que le mode multitimbral est quand à lui, réduit à une grande simplicité : sur les 16 parties, 1 switch de réception midi et choix du canal midi, point final. Pas de bank de Perfos non plus, clavier maître obligatoire. Bon…
L’inventeur du V-synth devait être fatigué quand il a approché le chapitre multitimbre.
Mais quand on écoute un bon patch, on comprend et on lui pardonne.
Il y a une sorte de petit séquencer modulateur multi-pas, 4 pistes ,très sympa ou à l’instar des LFO on peut moduler en séquences multi-pas les très nombreuses destinations de paramètres et ce en boucles, aller-retour, etc…
Je ne vais pas vous détailler toutes les innombrables possibilités et fonctions qui sont déjà dispos sur les fichiers pdf de Roland mais sachez que hormis l’obscur mode pattern que je comprendrais peut être plus tard, tout est vraiment très clair et accessible avec l’écran tactile, heureusement car la programmation mérite que l’on y passe du temps comme le Karma et c’est vrai qu’on entend à la fin des sons qui ne ressemblent en rien à tout ce qu’on a entendu jusqu’à maintenant, et qui me plaisent beaucoup. C’est courageux de la part de Roland d’innover dans une machine qui n’est pas vraiment dans un créneau marketing (même si les présets sont eux plutôt dans ce créneau).
Pour les contrôleurs, type KNOB ou PAD TIME TRIP, sur un V-synth XP, c’est pas vraiment pratique quand il est racké d’allonger le bras pendant qu’on joue, j’ai tout affecté à des contrôleurs du motif en mode master et ça marche aussi bien. Par contre pour programmer, l’inclinaison réglable sur rack est très sympa, voir très classe !
Enfin une mention spéciale pour le vc2 (le mode vocal designer ) : autant j’émets une grande réserve sur l’utilité d’un D50 dans une telle machine, autant la vc2 à elle toute seule justifie l’achat du v-synth, c’est extraordinaire ! Il y en a pour tous les goûts. Je l’ai essayé avec un micro dynamique au début, puis je me suis vite rendu compte que l’utilisation d’un statique (un Langevin pour les curieux ) prenait toute sa dimension, on peut vraiment avoir un rendu très précis et réel de la phonétique dans un chœur ou ensemble vocal, de voyelles, formants, consonnes. Et encore je n’ai essayé que ça (les chœurs classiques), il faut voir tous les algorythmes disponibles ainsi que tous les paramètres de chaque module du programme, c’est également un puit sans fond, on peut aussi vocoder des samples extérieurs.
Pour le coup, on aurait presque envie d’avoir un chanteur dans la pièce du fond pour lui faire faire des vocalises, pour pouvoir jouer des chœurs avec sa phonétique et ne se consacrer qu’à ça.
Donc avis aux choristes, c’est vraiment ce qu’il vous faut !!! je n’ai pas essayé d’utiliser mon préampli micro Aphex sur les entrées ligne mais ça doit être encore plus précis, sachant que les préamplis généralistes que l’on trouve sur les synthés et consoles sont souvent très moyens. Pourtant il faut reconnaître que Roland n’a pas lésiné sur les effets de traitement de la dynamique pour l’entrée micro aussi bien sur le VC2 que la partie sampling du V-synth.
Comme je n’ai toujours pas de PC, pour échanger des échantillons avec le motif, d’un côté il y une clef USB, de l’autre un pcmcia sur compact flash, j’ai pris des adaptateurs pour pouvoir échanger des échantillons dans les 2 sens (nuits blanches en perspective).
J’oublie beaucoup de choses car je n’ai vraiment pas pu faire encore le tour complet de cet engin mais je pense que l’important pour vous c’est que vous lisiez un sentiment d’utilisateur plutôt qu’une liste sans fin de possibilités que vous pouvez lire aussi bien (et même mieux) sur le site Roland .
Sur les échantillons de rythmiques, le Variphrase c’est un régal, on peut les rendre méconnaissables avec l’élasticité, les empiler, les accorder, les ralentir (les 2 indépendamment bien sûr, les synchroniser, tout ça de façon immédiate, sur le motif j’ai passé des après-midis entières sur la fonction SLICE SEQUENCE pour avoir des petites variantes, que là, en un coup de cuillère, on a d’énormes variantes et possibilités.
Voilà ce que je peux en dire pour le moment, il y a sûrement des choses que je découvrirai plus tard, ce que je pense de cette machine, c’est qu’elle semble destinée à ceux qui veulent avoir un complément à un set de synthé-sampleur généralistes ou une station de travail pour donner une coloration avec des timbres peu courants, et à ceux qui aiment programmer et chercher du timbre.
Voilà j’espère ne pas avoir été trop long (ou trop court) et que ça vous donne une petit idée, voir une petite envie.
Merci à vous de m’avoir lu patiemment.
Merci à Manu de m’avoir édité.
Et Merci à Roland pour leur inspiration et leur savoir-faire.
Dominique
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