En l'occurrence, l'arrangeur, bien que très puissant à notre époque (J'ai eu le Roland E20, un monstre en 1988, mais bien frêle comparé à un PA2X), est par nature limité : - d'un point de vue artistique, à de l'existant, de l'entendu, du conforme, de l'efficace, du tonique ...
- d'un point de vue technique, en corollaire, à des phrases déterminées, finies en nombre (bien qu'en nombre extrêmement important), bref, en styles.
Les possibilités technologiques des arrangeurs, pour reprendre l'élément évoqué plus haut, sont considérables mais considérablement contingentées. Certes, il est possible d'ordonner des combinaisons qui génèrent de la créativité mais cela reste fini. C'est la vocation d'un arrangeur, programmé puissamment mais qui ne remplace pas la créativité humaine.
Le Kronos laisse cette créativité ouverte sur des champs que, pour être un peu emphatique tout de même, seules les limites corticales balisent. Il faut monter ses séquences, explorer les timbres, empiler, distendre, torturer les rythmes, caler et décaler, comme disait un général américain : try, fail and fix ; on démarre avec une idée précise qu'il faudra outiller ou bien on part sur l'intuition qui sera nourrie par les possibilités de la machine pour peu qu'on y passe du temps, beaucoup de temps pour, in fine, quand on estime que l’œuvre est aboutie, de la fierté et combien de bonheurs.
J'aurais tendance à aller dans le sens de François : si tu attends un résultat rapide et "normé", il est clair que l'arrangeur s'impose. Si tu souhaites - ce fut mon cas il y a quelques années - jeter l'oreille au-delà de l'horizon, le synthétiseur sera de mise. Si tu veux - à l'instar de Stéphane, garder l'expérience du solide préalablement approprié et cependant tenter l'exploration, il faut combiner les deux. Ce fut ma démarche quand j'ai gardé le PMA-5 qui me permet d'impulser des moments d'idées, de procéder à des emprunts, de structurer tout en gardant à l'esprit que le synthétiseur reste le meilleur outil pour la création.
Ma toute petite expérience n'a rien d'exemplaire mais, à nous lire les uns et les autres, nous constatons que nous cheminons, pour beaucoup d'entre nous, par des voies réflexives fort comparables.
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