Préambule :
Cette idée d’un post sur le mixage m’est venue le jour où un membre a expliqué, tout à fait par hasard, que la réverb permettait de placer un instru dans la profondeur… et beaucoup de membres l’ont remercié, y compris moi, car nous étions donc pas mal à ne rien y connaître.
Ensuite, il y a eu cette réflexion très juste de Klaizaki « finalement j'ai choisi ton morceau Phil326. Faudrait que tu nous dises comment tu fais pour avoir un son puissant, parce que dans mes mix je n'arrive pas à avoir un son qui pulse bien »
Et enfin, lorsque je me suis aperçu qu’il n’y avait pas de post dédié à ce sujet sur Audiokeys, sauf erreur, je me suis dit que j’allais ouvrir un post sur la question, ouvert à tous, et mettre en ligne également le fruit de mes modestes recherches histoire de démarrer le post.
Les sites et conseils sur le net à propos du mixage sont nombreux. Ces quelques lignes sont donc destinées à ceux qui souhaitent nous faire part de leurs conseils sur le mixage.
Le fruit de vos propres expériences diverses nous illumineront. S’il y avait des fautes, je les corrigerais illico. Mais au moins, ça fera une discussion sur les principes à ne pas oublier sur les bases du mixage.
Je dirais que ce qui suit pourrait être « ce qu’il n’est pas permis d’ignorer » si on veut espérer battre un jour nos confrères lors d’un prochain concours.
Introduction :
Ceux qui pensent que le mixage c’est uniquement gérer les volumes et se servir du PAN pour chaque piste, ne font en réalité que 10 % du travail.
Le travail d’un « ingé son » est particulièrement complexe, et il faut bien entendu des années de pratique pour bien mixer. Tout doit être nickel dès le départ.
Penser qu’un « ingé son » va vous rattraper vos erreurs est une vue de l’esprit, et encore moins au Mastering si vous souhaitez pousser plus loin.
C’est comme en photo ou en vidéo, les prises doivent être les meilleures possibles pour ensuite pouvoir les booster.
Il est très important, avant d’aborder le mixage, d’établir « comment on veut que ça sonne » comme diraient les ingés son, et c’est encore mieux quand on le sait avant de faire les prises de son.
L'importance d'avoir identifier le "comment on veut que ça sonne", c'est pour ne pas avoir à réinventer la roue...
On se contentera plutôt - restons humble - d'essayer d'en faire une bien ronde (la roue) et de peut-être lui trouver quelques améliorations en route si on a du génie...
Donc, on identifie nos références (années 80 par exemple) et on les écoute en se demandant comment en est-on arrivé à faire sonner ce truc comme ça...
Ce ou ces titres on les appelle nos « références » parce qu'on va y revenir sans cesse pendant la production, car l'oreille est ainsi faite qu'elle fonctionne mieux en comparant...
Et ce qu'on se donne ainsi à comparer, ce sont des couleurs, des textures, des timbres, des arrangement, une énergie, des images d'organisation de l'espace acoustique, de gestion du temps, etc.
A- le positionnement des enceintes et de la personne qui mixe.
B- Prise de son et volume général
C- Les trois dimensions du mixage (vertical, horizontal et profondeur)
D- Positionnement des instrus (dans ces trois dimensions)
E- Le Fréquentiel (garder uniquement ce qui est bon et nettoyer les fréquences inutiles)
et la Compression
A- le positionnement des enceintes et du mixeur.
Il semble maintenant reconnu qu’un mixage correct doit s’effectuer en respectant un triangle équilatéral d’environ 1,20 à 1,50m entre le positionnement des deux enceintes et la personne qui mixe, avec les tweeters au niveau des oreilles.
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Une utilisation de matériel de bonne facture est préférable, avec plutôt un son assez neutre, contrairement à du matériel qui renforce artificiellement les basses par exemple. (BOSE ou Monster Beats Dr Dre)
B- Prise de son et volume général
le Master ne doit jamais dépasser 0 DB (loi fondamentale) sinon saturation probable, car les volumes de toutes vos pistes s’additionnent.
0 db est le seuil de saturation numérique qu’il ne faut jamais dépasser.
Par contre, ne pas enregistrer vos pistes trop bas non plus, car si on les rehausse par la suite (traitement des items=normalisation) vous augmentez aussi les bruits de fond éventuels.
C- Les trois dimensions du Mixage:
1) Verticale : le fréquentiel…..donc les fréquences
...................la dynamique….. donc la compression
...................les volumes………les dB
2) Horizontale : Le PAN (Panoramique = Spatialisation (espace stéréo du MIX))
3) Profondeur: Reverb - Delay
les trois dimensions sont étroitement liées, d’où la complexité du mixage.
shéma:
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On a pour habitude de dire que l’oreille humaine n’entend qu’entre 20Hz à 20KHz, et ça ne s’arrange pas avec l’âge.
Donc dans un mix, inutile de garder des fréquences qui sont situées au delà de cette zone.
En dessous, ce sont les infrabasses, au dessus, les ultra-aigus. Si vous les conservez malgré tout, vous ne les entendrez pas mais cela rajoutera du volume inutile à votre mix qui va saturer plus tôt que prévu,
et vous ne pourrez pas le booster à la fin si vous le souhaitez car tout sera déjà trop fort, et dans le rouge. Donc, réservez vous du Capital Gain.
Donc il faut mettre des filtres passe-haut (ou coupe bas) ou « Low Cut » pour enlever tout ce qui est en dessous de 40Hz (parfois 80Hz)…sur la plupart des pistes de votre mix.
on peut réduire à 6 bandes de fréquences:
- Grave (entre 20 et 120 Hz) la plus compliquée à gérer (fréquences tournantes)
- Bas médium ( entre 120 et 400 Hz)
- Médium ( entre 400 et 3K)
- Haut médium (entre 3K et 6K)
- Aigus (de 6K à 10K)
- Ultra aigus (ou présence) (de 10K à 20K) ... harmoniques
Attention au chevauchement des fréquences, car elles se mélangent et ça devient brouillon.
Parfois, mais rarement, ce recouvrement spectral est utilisé volontairement. C'est ainsi que dans "Mad about you" de Sting, la voix du chanteur est habilement remplacée par un instrument à vent (à 2'58, pour ceux qui ont le morceau à disposition), mais sinon, mieux vaut éviter.
Tableau rajouté, pris sur Espace Cubase, qui prend des sources également chez Ziggy (super site pour le mixage)
frequences.jpg
D- Positionnement des instrus (dans ces trois dimensions)
Le Kick bass et les Basses en général (et tout ce qui est inférieur à 350 Hz), doivent restés centrés. Les voix également (chant principal = Vocal)….
Regardez ces représentations ci dessous, et vous aurez une idée plus précise de comment placer vos instrus…à gauche, à droite…… devant, derrière……. en haut, en bas.
Les basses fréquences restent plutôt vers le bas, alors que les hautes fréquences se placent naturellement vers le haut.
De même qu’avec de la reverb, votre instrument donnera l’impression d’être au fond de la salle, et sans effet, juste devant vous.
Capture d’écran 2013-12-23 à 23.11.28.png
Ecoutez « TIME » de Dark Side Of The Moon, de Pink Floyd et essayez de repérer les instrus.
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ou encore « Sledgehammer » de Peter Gabriel
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E- Le Fréquentiel (garder uniquement ce qui est bon et nettoyer les fréquences inutiles) ............et la Compression
Lorsque vous le pouvez, en fonction du matériel dont vous disposez, sélectionnez une piste par une piste, pour visualiser les spectres de fréquences de chacun de vos instruments.
Ces outils VSTi sont disponibles dans la plupart des séquenceurs. Le but est de nettoyer un peu la bande de fréquences pour ne laisser que l’essentiel, sans dénaturer l’instru en lui même, mais simplement faire du ménage, et éviter les chevauchements.
La compression : Lorsque le son est compressé, son niveau maximal est réduit (puisque les crêtes les plus élevées ont disparu).
On peut donc augmenter le niveau moyen du signal en conséquence.
L'outil de compression de Sound Forge par exemple est couplé avec une option appelée "Auto Gain Compensate ", qui fera ce travail en augmentant le niveau général du son de telle manière que la crête maximale soit à 0 dB.
Ce processus est appelé maximisation.
Celle méthode permet, dans certains cas, de booster le signal.
La compression, c’est gérer la dynamique du son: rehausser les sons faibles - rendre les attaques plus claquantes (drums).
La totalité du son est conservée mais l’écart entre le bas et le haut se réduit progressivement.
Fin
Chacun pourra rajouter ce qu’il veut, voire remettre en cause certaines affirmations écrites plus haut, qu’ils jugeront fausses ou inappropriées.
Merci d’avance à Phil326, vainqueur du dernier concours n°8, pour les explications qu’il voudra peut-être nous transmettre.
Christian
A consulter éventuellement:
Mastering Audio-The Art and the Science by Bob Katz
Mixing Audio Concepts Practices And Tools
Mixing with your mind - Michael Paul Stavrou
Roland - Basics of Mixing
The Mixing Engeneer's Handbook
The Art of Mixing
et
The art of Mixing Color Visual Section
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