J'ai commencé jeune, je ne saurais dire à quel âge au juste. Mais je me souviens que j'allais chez deux vieilles dames, et c'était la Méthode Rose, la pédagogie naphtaline. Je n'y trouvais guère de plaisir, et guère de sens non plus. Pour moi, tout est fonction de quelle musique je joue, ou j'écoute. J'y suis très sensible. Donc, la méthode rose, aucun intérêt.
A l'âge de 8 ans, déménagement. Ma mère m'a demandé si on gardait le piano, j'ai répondu non. Regrettable erreur.
A partir de 14 ans, je suis tombé sur des musiques qui, là, enfin, faisaient sens, me donnaient envie de jouer, m'impliquaient sur le plan émotionnel. Pink floyd, puis Genesis... King Crimson... Le choc majeur, massif, énorme, ce fut Magma.
Là, je me suis remis à travailler. Sur un vieux piano acoustique plutôt fatigué, puis sur un Kemble qu'on a acheté chez Sun. Par la suite, j'avais un Fender Rhodes, j'adore ce son.
Mais j'avais des blocages. Parfois, d'un coup, je perdais le fil, je me plantais. Je n'étais plus immergé dans ce que je faisais, mais en train de m'observer. Souvent, le simple fait de sentir que ça tournait, provoquait chez moi un trouble, je me disais ça ne va pas durer, et hop, je me plantais.
Je pense qu'avec Magma comme point de référence, je me sentais écrasé. Je ne serais jamais au niveau. Il y a toujours eu chez eux des virtuoses, alors évidemment...
Pour différentes raisons, je n'ai pas pu rester chez mes parents. J'ai entrepris des études et je me suis rendu compte peu à peu que ça n'était pas très compatible avec la musique. Progressivement, j'ai laissé tomber. Trop de pression. Pas d'instrument où je me trouvais. Il y a eu une parenthèse de plusieurs années où je n'ai pas joué, mais j'y pensais constamment.
Ensuite, je me suis mis à la MAO et j'ai énormément composé. Je m'étais aperçu, dès mes 13 ans, que pour ça, j'étais doué. Pas de blocages, ni de doutes.
Il y a 3 ou 4 ans, j'en ai eu marre, de n'avoir de la musique qu'une approche virtuelle, désincarnée. J'ai décidé de m'y remettre, sérieusement. J'ai acheté un Roland RD 2000 chez Sun, j'ai pris des cours avec un prof, c'est un excellent pianiste, à fond dans le jazz. J'apprends, j'essaie. Mais par moments, je perds mes moyens, j'ai les mains qui tremblent, etc. Je m'affole facilement, en fait. Et puis, je trouve que pour jouer du jazz en tant que pianiste, il faut tant de choses ! Pas seulement la technique, mais de la rapidité d'esprit, des connaissances harmoniques, avoir en tête la plupart des standards... Et oser se lancer !
Enfin, voilà, je me sens perdu par moments, j'ai l'impression que je m'y remets bien tardivement (j'ai la soixantaine à présent), et je dois lutter contre mes propres limitations et notamment ce sentiment d'être un imposteur. J'ose à peine toucher au piano, en fait. Et si je me sens intimidé, je peux perdre énormément de mes moyens. J'ai eu une audition en septembre dernier, mes mains se sont tellement mises à trembler que je n'ai pas pu jouer du tout, catastrophe.
Si vous avez des conseils, des idées, que sais-je...
Si vous pouviez faire des commentaires bienveillants, s'il vous plait... ne m'enfoncez pas d'avantage, soyez sympas.
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