J’ai pu essayer le Akai MPC Key 61 en boutique. Je ne suis ni « beat maker », ni adepte de musique électronique. Je l’ai donc approché sus l’angle d’une workstation qui serait orientée « séquence ».
De prime abord, c’est un bel instrument. Ce qui saute immédiatement aux yeux, c’est cet écran superbe et très réactif (type tablette informatique). Et il faut reconnaitre qu’Akai fignole le look de ces écrans, ce qui donne envie de manipuler. J’ai trouvé le toucher du clavier agréable (bien mieux qu’un MODX par exemple) ; les molettes de pitch bend et modulation sont sympa, et le ruban marche bien. Pour les pads, la MPC, c’est vraiment une référence, et il y a pas mal de boutons en accès direct, même si je trouve qu’il en manque : pas de transposition sans passer par des menus (dommage !) et surtout -et ça c’est nul- pas de slider pour régler les volumes respectifs des différentes parts en temps réel. C’est d’autant plus frustrant que l’interface pour gérer les splits et layers est carrément sympa.
Ca été dit et redit, mais, d’une façon générale, charger un son veut dire coupure de tout ce qu’on entend et des temps de chargement. Ce n’est jamais très long (environ 4-5s pour les gros multisamples) mais on n’est pas habitué à ça sur les WS modernes. Ca m’a plus fait penser un usage MAO où il faut « organiser » son set à l’avance. Je pense vraiment que ça dépend de l’usage qu’on veut en faire. Je sais que ça ne serait pas gênant pour moi (et ça charge beaucoup plus vite que mon vieux PC), mais ça le sera pour certains.
Pour les sons, j’ai commencé par le nouveau Air Piano. Je ne sais pas si c’était liés au casque, et ce n’est jamais simple d’en jouer avec un clavier synthé, mais j’ai été déçu. J’ai trouvé les sons très moyens et pas réalistes du tout. Seul le piano droit -très moderne dans son approche- a à mes oreille un certain charme. Mais avec les nombreuses possibilités de « tweeker » facilement et rapidement les sons, on peut créer de vraies ambiances. Mais pour une pièce classique, oubliez tout de suite.
Ensuite les Air EP. Autant dire tout de suite, j’ai beaucoup aimé. Ce n’est pas très réaliste, mais vivant, musical, et la réponse au clavier est vraiment cohérente. Et -c’est une remarque qui s’applique à quasiment tous les sons- il y a une tonalité très moderne. Et c’est tellement sympa de pouvoir changer d’ampli, de tel ou tel réglage, au doigt et de façon tellement visuelle.
Je pourrais faire les mêmes commentaires pour le module d’orgue. La claque sonore ! L’approche est radicalement différente de mon Dexibell. Là où le Vivo S9 joue la carte de la fidélité, avec des sons très fins et subtils, là c’est le « mur de son ». Ca tape très fort. Même la Leslie est spectaculaire. De mon point de vue, si on veut en mettre plein les oreilles, c’est un « must have ».
Les démos que j’avais entendues du Air String ne m’avaient pas convaincues. Et pourtant, à jouer, j’ai trouver que beaucoup de patches avaient beaucoup de charme. Un module utile pour des ambiances.
Pour les Mellotron et Solina, je ne suis pas expert, mais je trouve aussi que c’est musical. Sans doute trop brillant pour paraître vintage, ca devrait passer tout seul dans un mix contemporain.
N’étant pas expert en synthé, je me garderai de juger les modules dédiés, mais il y a plein de sons très variés, en pads, leads, synth bass. Pour ne pas y trouver son compte, il faut avoir une idée très précise en tête. A noter cependant ; je n’ai pas entendu de sons type « wave sequence », très évolutifs, qui « bougent » dans le temps. Je ne sais pas si c’est possible avec cet instrument.
Pour les autres sons généralistes, il faut passer par le rompler Fabric XL. Qu’en voilà un plugin frustrant. Les sons qui sont là sont, je trouve, pour la plupart vraiment sympa. Les guitares par exemple, acoustiques comme électriques, ont beaucoup de caractère, et donnent tout de suite des idées. A l’autre bout du spectre, les brass (il n’y a que des ensembles) sont… beurk !
Et surtout, c’est ce qui m’embête le plus, il y a beaucoup de sons absents, comparé un une WS traditionnelle. Aucun vent (flûte, clarinette, hautbois..), quasiment aucun instrument solo (pas de sax, trompette, trombone,…) Akai a clairement fait le choix du contemporain et c’est dommage, car ils montrent qu’ils savent faire dans plusieurs styles, avec une vraie identité.
Au final, difficile de me faire un avis tranché. Il y a plein de choses qui m’ennuient (manque d’accès direct, palette sonore trop orientée, transition entre sons parfois lente), mais une musicalité qui m’accroche, une vraie identité, des choix musicaux forts (un son qui « tape », qui à en faire un peu trop), et une interface qui donne envie d’explorer, de bidouiller les sons, intuitive au moins pour les manipulations « basiques » (par exemple changer l’ampli d’un EP). Si on peut compléter de façon pertinente (par rapport à mes attentes) la palette sonore, soit via l’ajout d’extensions, soit via l’autosampling par exemple, ça peut être un sacré beau bébé. Et, sur ce point, je rappelle qu’on peut ajouter très facilement un disque dur interne.
Que c’est dur de choisir
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