Premier choc, le nombre de contrôleurs. Lorsqu'on a l'habitude du côté spartiate de Fatar, le M-Audio surprend. On y trouve (de gauche à droite):
- 5 boutons-poussoirs et 2 molettes
- 9 boutons-poussoirs pour les fonctions du clavier
- 5 boutons-poussoirs pour les fonctions de zones et splits
- 2 boutons-poussoirs pour la gestion octave/transposition
- 1 écran LCD bleu, assez large
- 12 boutons-poussoirs pour les snapshots
- 24 potards pour le contrôle des VST / CC MIDI
- 17 boutons-poussoirs pour le contrôle des VST/MIDI
- 9 curseurs assignables
On est pas aux commandes d'un Airbus, mais presque. Donc lecture du manuel fortement conseillée, même si nombre de fonctions sont évidentes.
Deuxième choc, le prix. A moins de 4000F en GB (moins de 600 euros), c'est vraiment donné pour un 88 notes à toucher lourd. Encore un clavier qui n'est pas fabriqué en Europe et payé en bols de riz !
Troisième choc, et là c'est du négatif, pas de bouton ou de curseur de volume général. Mauvais point pour un usage sur scène. Qui n'a jamais eu besoin de baisser rapidement le son suite à des évènements MIDI qui plantent ? Je ne comprends pas pourquoi M-Audio a cru bon de se passer de réglage du volume !
Une fois l'élément de surprise passé, je m'installe. La bête est reliée par USB à un portable sur lequel tourne Cubase et des VSTi ainsi qu'une version stand-alone de Garritan Personal Orchestra.
Aspect: Pas mal du tout. Deux tons de gris et un écran LCD bleu. Le Keystation 88 est costaud et les boutons / curseurs ne donnent pas l'impression de plastique de mauvaise qualité que l'on rencontre sur certains claviers-maîtres plus petit. Un bon point.
Le toucher: un poil léger. En fait, plus léger que le Fatar mais plus lourd qu'un 76 notes mi-lourd. Au départ, je le trouve un peu trop léger mais après 30 minutes de jeu, plutôt relax. Parfait pour ceux qui n'ont pas la musculature des doigts mais souhaitent un toucher qui procure des sensations, une réaction. Parfait aussi pour ceux qui vont passer des heures à jouer. Je préfère un peu mon vieux Fatar 900 (meilleur que le Studiologic 990 qui suivit) ou un Roland RD de scène, mais le Keystation est très correct. En tout cas, le clavier permet les nuances nécessaires au jeu d'un piano échantillonné en quatre couches ou d'un VSTi comme NI Elektrik.
USB: Avec OSX et XP, pas besoin de pilote ! Néanmoins fourni pour 98/ME et OS9. Il faut reconnaître que c'est assez cool de brancher le clavier sur le port USB du portable sans avoir à paramétrer des pilotes. Une bonne avancée au niveau technologique. De plus, une grosse bête comme ça sur un port USB de portable sans besoin d'alimentation externe, c'est assez fort. De plus, on peut calibrer le clavier pour faire que MIDI In par USB est transmis à MIDI Out et MIDI In est transmis à MIDI Out USB. Une fonction très intéressante qui permet d'utiliser le Keystation en tant qu'interface MIDI en sus d'être un clavier-maître.
Logiciel: Le gros plus. Un logiciel du nom d'Enigma (PC & OSX) est fourni, qui permet de paramétrer le clavier. D'une part, la gestion de 10 programmes (pour contrôler les VSTi) avec les suspects usuels que l'on retrouve en prêt-à-l'emploi, c.a.d. l'affectation des curseurs et boutons-poussoirs à la gestion et au contrôle d'environnements classiques tels GM, Reason, B4, Cubase, Nuendo, Logic... D'autre part, l'affectation ultra-rapide des zones et groupes pour les splits et combis. Là, super. Je n'ai jamais encore rencontré de clavier-maître qui permette une affectation aussi rapide des splits et groupes. On clique, on fait glisser, on charge, c'est fait. En plus, M-Audio fournit un environnement Logic LSO. Si seulement tous les claviers pouvaient être fournis avec des logiciels de cette qualité !
Jeu: Mis à part le toucher dont j'ai déjà parlé, le Keystation permet 9 niveaux de vélocité. Parfait pour adapter la technique de jeu de chacun. Les curseurs de 60mm peuvent se dédoubler en tirettes d'orgue. Bonus pour émuler le B3 classique (d'où l'un des 10 programmes paramétré par défaut pour Native Instruments B4). La gestion des zones est également très bien pensée. Quatre boutons-poussoirs sont alloués aux quatre zones maximum. Ce qui veut dire que l'on peut affecter quatre sous-programmes à un programme, et supprimer l'un des sous-programmes individuellement. Un peu comme une Combi Korg avec quatre Programs et un bouton-poussoir on/off pour chaque Program. Les boutons de Zone servent aussi à activer les trois groupes de contrôleurs. Ça, c'est nouveau. Le groupe A s'occupe des molettes, pédales et les commandes de transport; le groupe B traite des 24 potards et des neuf boutons situés sous les potards; le groupe C contrôle les neuf curseurs et les neufs boutons en dessous des curseurs. Très polyvalent ce système car cela veut dire que l'on peut rappeler une partie d'une programme sans modifier l'affectation des autres groupes. Par exemple, groupe A et B contrôlent Garritan Personal Orchestra alors que les curseurs du groupe C contrôlent B4. Ou encore, groupe A et C contrôlent Cubase et les 24 potards du groupe B contrôlent un VSTi. Cela veut dire que si A et B contrôlent un programme X et C un programme Y, couper le groupe C fait repasser ce groupe C en contrôle du programme X déjà contrôlé par A et B; appuyer de nouveau sur groupe C reprend le contrôle du programme Y. De plus, le Keystation conserve les réglages en mémoire une fois éteint. Pratique.
Conclusion: si dans le cochon tout est bon, dans le Keystation tout est presque bon. Franchement, à part le manque de bouton ou de curseur de volume général et le toucher peut-être un poil trop léger pour certains, je ne vois pas comment on peut encore justifier l'achat d'un Fatar/Studiologic, à moins que les Italiens ne s'alignent sur les angliches. Car au bout du compte, il faut se rappeler du prix, 600 euros sans ristourne. Ca fait beaucoup de clavier-maître à l'euro en regard des fonctions et du matériel présenté.
Voilà donc ces quelques remarques qui donneront sans doute envie à certains d'aller essayer par eux-même, ce que je recommande chaudement à ceux qui ont besoin d'un clavier-maître. Personnellement, je songe à revendre mon Fatar 900 avant que le prix du Keystation ne fasse s'écrouler le marché des claviers-maîtres !
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