"CONCOURS AK 2017"
J'aime bien comme l'ambiance est posée, le carillon cristallin est une excellente façon de coller au thème du concours à mon avis. Evidemment, une première occurrence du sample de glougloutements arrive vite en renfort ; ici, je le dis honnêtement, c'était presque superflu, d'autant que la voix allait aussi dans le sens du thème. Une belle ambiance, dont on devine aisément qu'elle part du petit ruisseau pour évoluer vers le fleuve majestueux (les nappes, les trililis de cordes, etc.), puis même l'océan (les oiseaux, les vagues). Une évocation orchestrale joliment dosée !
"Micheleup"
Bon alors là, on ne prend pas de pincettes avec la façon de poser le cadre : samples de vagues et mouettes d'entrée de jeu ! Malgré quoi l'association entre le piano et les petits miroitements synthétiques en arrière-plan peignent par petites touches comme un souvenir de vacances nostalgique, le genre de Kodachrome tout passé où on se revoit môme, tout potelé, en short de bain et le bob vissé sur la tête. Et pour moi, ça fonctionne plutôt bien, mais tout le monde n'a peut-être pas vécu les mêmes expériences que moi en matière de vacances au bord de la mer
"Sources, Rivières et Fleuves"
Ah, ici, un titre explicite, ça ne va pas me permettre de jouer aux devinettes quant au traitement choisi, tant pis pour ouam ! Re-sample de glougloutements, woosh de cymbales, et ça démarre en mode grand orchestre. Très impressionnant, exceptionnellement cinématographique mais, peut-être un peu trop, par contre-coup, passe-partout. Etrangement, je visualise parfaitement bien des images d'un survol, mais pas tant de l'Amazone que d'une luxuriante canopée qui se déploierait à l'infini.
"De la source à la Mer"
Contrairement à ce que laisser penser le titre, on débute même en amont de la source : la pluie et le Rhodes de l'intro, c'est un peu comme invoquer Ray Manzarek et ses Cavaliers dans l'Orage. Attaquons donc par la pluie pour cette juxtaposition de vignettes, puisque la source arrive ensuite dans une envolée Vangelio-Carpenterienne de bon aloi. J'avoue que je me perds un peu dans ce jeu des références stylistiques. Qu'il soit volontaire ou non, l'ambiance est tout-à-fait intéressante en tout cas (un petit bémol pour le chorus de piano acoustique du milieu), et même si le thème du concours me paraît lointain par moment, j'adore le retour du Rhodes à la fin, évocation explicite du caractère cyclique de la vie de l'eau.
"A contre-courant"
Ce morceau bien-nommé prend complètement à revers l'approche partagée par un certain nombre des autres propositions : hormis les glissants d'eau (!) qui ouvrent et ferment la piste, pas de sample, pas de paroles explicites. C'est courageux, je dois bien le dire, de s'en remettre uniquement à la force d'évocation de son écriture et de son jeu. Le thème (musical) est envoûtant, je peux effectivement le rattacher au thème (aquatique, du concours), même si ce n'est pas l'unique association d'idée qui me viendrait à l'esprit. En tout cas, une exécution techniquement irréprochable, et une mélodie attachante, respect.
"Concours AK N°10"
Voilà un morceau qui me laisse un peu entre deux chaises... D'un côté j'adore le côté presque flamboyant de l'orchestration, il y a de prime abord une densité légèrement casse-cou harmoniquement parlant, qui n'est pas sans me rappeler le regretté François de Roubaix. D'un autre côté cet équilibrisme finit par se payer un peu quand il verse dans une sorte de collage abstrait, où on (je) ne comprend plus trop les liens entre les différentes parties, que ce soit rythmiquement ou mélodiquement. Et là ça clashe un peu trop à mon goût, dommage... pourtant, bon sang, cette atmosphère au départ <3
"Water Fall"
Ma grande claque du concours : le démarrage prend son temps, mais ensuite la mélodie au piano coule toute seule, poussée par la main gauche, et le jeu de batterie aux balais... Et puis cette ligne de basse, mazette, elle me paraît réellement rouler de cailloux en cailloux. On ajoute en arrière-plan quelque sons abstraits façon waterphone, des interventions de cordes, et autres passages "accidentels" d'orchestre, etc. Un sans-faute pour moi, le sample de gouttelettes au début serait même de trop tant ce morceau est ex-pli-ci-te-ment dédié à la fluidité, au ruissellement, à l'eau qui serpente. Big up !
"Petit Ruisseau entre les Herbes"
Splendide pièce ; comme pour "A contre-courant" il faut une certaine carrure pour porter ça au piano aqueux solo, et de ce point de vue il n'y a rien à redire, chapeau bas.
"Audiokeys10 - Rivers of my Earth"
L'alphabet des fleuves est une idée plutôt mignonne, mais je ne suis pas franchement emballé par le développement du morceau, qui, à mon oreille, sonne ma foi... très très "arrangeur" (peu d'accidents, tout l'orchestre qui bouge en bloc d'un point à l'autre de la grille d'accords, c'est peut-être un peu trop carré comme exécution, enfin ça a pour effet de me laisser résolument en-dehors). Par contre, le jeu de mot sur le titre est joliment trouvé, avoir choisi "Earth" au lieu de "Hearth" ouvre bien des perspectives.
"Eau Zen"
Eau, check. Zenitude, check. Parfait pour l'ambiance relaxante, c'était un parti-pris tout-à-fait défendable mais en l'état ça me laisse un tout petit petit petit peu sur ma faim, j'avoue.
"Okigoute"
Joli morceau, qui s'écoule plutôt calmement. Peut-être trop calmement : malgré certaines cassures introduites d'un passage à l'autre, les changements restent malheureusement un peu prévisibles à mon goût.
"Walk along the River"
Autre gros coup de cœur pour moi... Quelle construction ! Quel arrangement ! Tout emmène en ballade au fil de l'eau c'est... au-delà des mots. Tout me plaît, la base posée au Rhodes, le son lead qui à un moment pourrait choquer par son timbre "hardsync" un peu criard, mais qui est contrebalancé par les passages piano/cordes/lead cuivré... Encore une fois, c'était même pas la peine de coller des samples aquatiques sur un morceau 300% efficace tel quel
"At the water's edge"
Une autre approche dans la veine atmosphérique zen, mais cette fois-ci j'accroche davantage au côté bruitiste de l'intro, et le développement à base de réverbération énorme, de tambours (une option à laquelle j'aurais probablement moi-même eu recours, et probablement moins efficacement aussi !) et de guitare ambient sur la fin. Peut-être pas immédiatement accessible, mais globalement, ça réserve son lot de surprises agréables, et ça remplit franchement bien le contrat.
"Source vive"
De tous mes autres commentaires, vous aurez peut-être déduit que je jugeais plutôt favorablement les surprises que certains arrivent à ménager dans la contrainte d'un thème imposé. Autant dire qu'avec le recours à la poésie, à l'instrumentation aux accents celtes, je suis largement servi ici. A quoi s'ajoute le texte, qui file la métaphore entre l'eau et la vie, c'est une fort belle réalisation.
Encore une fois, merci à tous pour ces jolis voyages immobiles :respect
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